L’empire a toujours été central pour le capitalisme français. À la fin de la dernière guerre, le rôle des colonies africaines lui a permis d’intégrer le Conseil de sécurité de l’ONU. Face à la vague de décolonisation, il a cherché à maintenir sa domination avec la françafrique, mais elle s’effrite. Il ne reste que les miettes de l’empire grâce auxquelles la France est présente sur tous les océans, pour aspirer à jouer un rôle international.
Deuxième plus grand espace maritime du monde
Sa zone économique exclusive, espace maritime où les États sont souverains sur l’exploitation des ressources jusqu’à 200 milles marins (370,4 km), est la deuxième au monde, à 70 % dans le Pacifique, la Polynésie en représente 47 %, la Kanaky 13 %, la France 3,6 %. C’est une ressource stratégique avec la présence de ferro-nodules, de gaz, de pétrole. Pour exercer cette souveraineté, elle entretient des bases militaires qui s’ajoutent à l’importante présence dans le monde 1 dans divers cadres, ONU, Otan, UE. Plus d’un tiers des militaires français en opération, soit plus de 10 000, sont engagés à l’étranger, alors que seulement 10 000 sont présents en France et plus de 8 000 dans les colonies, dénommées forces de « souveraineté », qui sont avec Djibouti les principales concentrations militaires.
La marine française a trois bases maritimes en France et six dans les colonies, Guyane, Martinique, Kanaky, Polynésie, Mayotte et à la Réunion (le troisième port après Brest et Toulon). S’y ajoutent les bases de Djibouti, Dakar et aux Émirats arabes unis. C’est peu à côté des forces des États-Unis, 285 000 militaires dans 800 bases, mais c’est une présence.
Le nœud de la zone indo-pacifique
Dans l’Atlantique, le voisinage des États-Unis marginalise l’aspect militaire, sauf pour la protection du centre spatial de Kourou. La stratégie militaire fantasmée de Macron se centre sur la zone indo-pacifique 2. Cette région concentre l’affrontement Chine/USA, ses routes maritimes relient les plus grands ensembles démographiques et économiques du siècle : plus d’un tiers des exportations françaises hors UE, et 40 % des importations hors UE y circulent.
La France cherche à y préserver son influence, par des partenariats avec les USA, l’Inde, l’Australie et le Japon en particulier, sans grand succès, mis à part la participation à une coopération dans l’initiative américaine QUAD avec l’Australie, et la Nouvelle-Zélande, tout comme avec des accords de défense avec les Émirats arabes unis, le Qatar et le Koweït, auxquels se rajoute l’implantation à Djibouti, à côté des bases américaines et chinoises. On comprend alors l’attachement à la possession de la Kanaky, et des bases de la Réunion et de Mayotte.