Vous avez dit « hôpitaux de proximité » ?
Macron affirme qu’il n’y aura plus de fermetures d’hôpitaux, et donne le label de proximité pour 500 à 600 d’entre eux. Ses prédécesseurs avaient labouré le terrain. Selon le décret du 20 mai 2016, les hôpitaux de proximité sont des établissements publics ou privés qui contribuent, par des coopérations avec les structures et professionnelEs de médecine ambulatoire et avec les établissements et services médico-sociaux, à l’offre de soins dans les territoires qu’ils desservent. L’exercice de la chirurgie et de la gynécologie est interdite dans ces établissements, et pour ouvrir en leur sein d’autres spécialités il faut l’autorisation de l’agence régionale de santé (ARS). Ils doivent se situer sur un territoire d’hospitalisation à domicile. Ils ne disposent pas partout de lits. Les praticienEs peuvent être des libéraux ou des salariéEs.
Le plan « Ma santé 2022 » précise que leurs fonctions seront « réorientées sur des priorités » : rééducation, imagerie, biologie, télémédecine… Les ARS doivent veiller à ce que leurs activités se limitent aux soins de premierrecours qui sont en principe du ressort des médecins généralistes, des pharmacienEs et des paramédicaux.
Pour être hospitalisés, les malades devront se déplacer, parfois loin de leur domicile, dans un hôpital de 2e niveau pour les soins spécialisés (chirurgie, maternité, médecine spécialisée), ou de 3e niveau dans des hôpitaux « dotés de plateaux techniques de pointe » (les CHU). Les agentEs hospitaliers subiront les suppressions de postes, la mobilité, la déqualification. Les patientEs ne disposeront pas d’un véritable hôpital mais en réalité d’une maison de santé avec des praticiens libéraux ou d’un centre de santé avec des salariéEs.
Les urgences publiques en surcharge… les urgences privées se développent
Les patientEs doivent fréquemment attendre des heures aux urgences des hôpitaux publics, les soignantEs sont souvent débordés, il y a un afflux de patientEs qui ne peuvent pas se soigner en ville pour des raisons économiques, ou avoir un rendez-vous en ville, ou à une date trop lointaine. Ces services ne sont pas dotés de moyens suffisants. Mais pourquoi ? Selon le Monde du 29 juillet 2018, entre 1995 et 2016, 95 services d’urgences ont fermé, et 173 ont ouvert leurs portes. Trois quarts de ces derniers font partie du secteur privé à but lucratif.
Usines à bébés et usines à soins
Dans son édition du 1er février 2018, le Monde indiquait que les deux tiers des maternités ont fermé depuis 40 ans, alors que le nombre d’accouchements reste stable (environ 800 000 par an). La presse locale rapporte souvent des accouchements qui ont lieu dans les ambulances, avec des conséquences parfois dramatiques.
L’objectif du gouvernement est de supprimer davantage de services, de postes, de lits, d’orienter à tout prix vers les soins ambulatoires afin de rentabiliser, de faire des économies et de privatiser. Les groupements hospitaliers de territoire (GHT) ou les supra-GHT auront un rôle prépondérant pour restructurer et fusionner les structures hospitalières qui deviendront des usines à soins, et des usines à bébés, chargées de « produire des soins » à moindre coût.