Troisième confinement : le pari de Macron est perdu, c’est de nos vies que nous le payons. Les semaines prétendument « gagnées », ce sont des milliers de morts en plus, l’augmentation des admissions en réa, maltraitant les personnels et abandonnant les autres pathologies. Sans parler de la souffrance psychique, des maltraitances, des difficultés financières aggravées, notamment pour les femmes, les raciséEs et les premierEs de corvée, les oubliéEs de la vaccination, comme on le voit en Seine-Saint-Denis.
Leur stop and go, leur « vivre avec le virus » consiste à confiner quand cela dérape. En attendant, au maximum. Et à rouvrir tout de suite après sans rien changer. Une stratégie inefficace sur la pandémie, qui multiplie les risques d’émergence de nouveaux variants encore plus transmissibles. Elle est liberticide. Et insupportable sur le plan social et psychologique. Mais que devons-nous lui opposer ? On voit bien l’urgence aujourd’hui de plus de lits de réanimation, de plus de personnels de santé. Mais notre horizon ne peut se limiter à cela !
Contre un reconfinement long et dur par l’État
La stratégie zéro covid vise à faire baisser radicalement la circulation du virus, pour pouvoir mettre en place une politique efficace de tests et d’isolement. Elle s’appuie souvent sur les exemples asiatiques de pays qui vivent sans le virus. Mais si cette stratégie se centre sur l’exigence d’un reconfinement long et dur par l’État, le mouvement social aura encore plus de difficultés à imposer les conditions sociales, psychologiques qui le rendraient supportable, notamment pour les dominéEs. Et il y a bien peu de chance que les dominants se limitent à confiner le virus. Ils chercheront aussi à confiner nos droits, nos libertés, notre force sociale, nos espoirs. Pour mettre en place un bio-pouvoir, dont le monde des GAFAM, de la perte de la biodiversité, de la déforestation, de la mondialisation capitaliste qui favorise les pandémies… sortira au total renforcé. C’est donc d’une autre stratégie zéro covid dont nous avons besoin, contre Macron et son monde, qui a oublié jusqu’à l’objectif de réduire le virus à moins de 5 000 contaminations par jour.
Prendre nos affaires en mains
Une politique zéro covid pour et par les dominéEs, dans l’entreprise, le quartier, l’école, les lieux de culture, qui s’appuie sur nos mobilisations. Ce sont les salariéEs d’Amazon qui mettent en procès leur patron, les salariéEs de Safran ou des chantiers de Saint-Nazaire qui usent de leur droit de retrait, s’interrogent sur l’utilité de produire des nacelles d’avions de combat et des navires de croisière, comme lors de la première vague. Zéro covid à l’école, c’est à un moment la revendication de réquisition de locaux et d’embauches de personnels, pour diviser les classes et les cantines. Le refus de la reprise du sport en intérieur, la fermeture d’une classe dès le premier cas partout, des testeurs de CO2, la filtration de l’air avec des filtres HEPA, une politique massive de tests et de vaccination. Mais c’est aussi, quand Macron et Blanquer laissent filer la pandémie, l’école qui se ferme d’elle-même. Les classes qui ferment avec la montée des cas covid, des profs touchéEs, des parents qui ne veulent plus mettre leurs enfants à l’école. Cela peut être aussi comme en Angleterre, quand le gouvernement exige une reprise rapide des cours dès janvier, sans changement de protocole sanitaire, le syndicat enseignant, fer de lance de la campagne zéro covid, qui refuse massivement la reprise, avant d’imposer un protocole plus efficace.
Une lutte de la population
Zéro covid ne veut pas dire qu’il n’y a plus de virus. Cela veut dire une réduction des risques, de la circulation virale, jusqu’à rendre possible et efficace une politique de testage massif, individuelle mais aussi centrée sur les lieux, quartiers, moments où les contaminations sont les plus nombreuses, construite avec la population, et qui lui donne les moyens matériels, psychologiques, financiers… d’un auto-isolement en cas de contamination ou de cas contact. Faute de budget et de volonté, Macron n’a pas généralisé, comme promis, les équipes Covisam, qui devaient visiter partout les porteurEs du covid. Et le mouvement social n’a pas pu développer les expériences madrilènes du quartier pauvre de Lavapiés, où associations, habitantEs, centre de santé communautaire ont monté des caisses de solidarité pour les plus démunis, un réseau citoyen d’interprètes (bengali, wolof, arabe), formé des médiateurs covid au sein des populations.
Ni immunité collective à la Trump ni stop and go qui n’a pas évité la troisième vague et qui réduit nos vies à la production de leurs profits, une politique zéro covid par et pour les dominéEs.