Ces dernières décennies, à l’échelle internationale, se sont développés ou ont émergé de nombreux mouvements sociaux, très dynamiques, organisant la lutte contre des discriminations (femmes, immigréEs et population post-coloniale, homosexuelEs et transgenres), celle pour les droits des classes populaires (droit au logement, droits des chômeurEs, notamment), mouvement antinucléaire puis contre les changements climatiques.
Des forums sociaux au mouvement climat
La résistance à la mondialisation et à la financiarisation du capitalisme a entraîné, dans les années 1990 et 2000, des rassemblements de dizaines de milliers de militantEs à l’échelle internationale, contre les conférences internationales du G7/G8/G20, de l’OMC… Ces rassemblements ont vite dépassé les ONG traditionnelles en dynamisme des mouvement sociaux, comme la Marche mondiale des femmes, Via Campesina, des syndicats radicaux. C’est sur la base de ces rassemblements que se sont construits, surtout de 2000 à 2010, les forums sociaux mondiaux et européens autour du mot d’ordre « Un autre monde est possible ». S’ils exprimaient la radicalité de nombreux mouvements, de luttes, tant dans les exigences que dans des formes d’actions, les mouvements oscillaient entre le lobbying auprès des institutions et le rejet de toute action avec des partis anticapitalistes. Mais ce mouvement international traduisait l’émergence et la dynamique de nombreux mouvements sociaux dans beaucoup de pays, l’émergence de nouvelles générations militantes, en dehors des canaux traditionnels.
Dans la foulée, le mouvement des femmes, centré contre les violences sexuelles et les discriminations, le mouvement multiforme contre les violences racistes subies par les populations post-coloniales, le mouvement climat se sont développés à l’échelle internationale depuis 10 ans.
Dans cette dynamique, beaucoup de mouvements sociaux se sont mobilisés sur des questions sociales de première urgence concernant les classes populaires, dans le domaine du logement, de la santé, des discriminations au travail et dans la société.
Passerelles et combats communs
Ce sont tous ces visages des exploitéEs et des oppriméEs, de ce qui est en fait le prolétariat du 21e siècle, qui sont apparus dans la lumière ces dernières années, avec des exigences qui sortaient en effet des entreprises pour une remise en cause frontale de la reproduction sociale, en premier lieu par le genre et la « race ». C’était donc bien des éléments fondamentaux de l’exploitation et de l’oppression qui ont souvent heurté et heurtent encore les organisations traditionnelles du mouvement ouvrier, tant par leurs exigences que par leurs formes d’action. Ce à quoi on assiste n’est donc pas d’un côté des replis de luttes ouvrières corporatistes (luttes des cheminotEs, celle en défense des retraites) et de l’autre des luttes contre les « exclusions » ou des luttes communautaires des populations racisées dans les quartiers populaires. Ces luttes sont toutes les facettes de la résistance et des exigences de justice sociale des exploitéEs et des oppriméEs dans toutes leurs dimensions, dans et hors les entreprises, dépassant évidemment les seules questions économiques.
Et les mouvements comme la solidarité avec les migrantEs, la lutte contre le réchauffement climatique ne sont en rien en extériorité avec les autres mouvements car ils ont en commun le refus de la privatisation de la société et des biens communs par le capitalisme, tout en avançant également une dimension de solidarité internationale.
Un défi reste évidemment devant nous : nous sommes confrontés à une classe dominante qui use de tous ses pouvoirs pour aliéner et diviser les exploitéEs, cela joue sur la difficulté de construire une conscience politique commune de touTEs les acteurs et actrices de ces mouvements sociaux, de construire un projet de société commun. Cela évidemment ne se fait pas en chambre mais en construisant les passerelles et les combats communs. Mais ce que l’on appelle les mouvements sociaux sont bien les composantes du combat de classe du 21e siècle.