Publié le Lundi 22 mars 2021 à 19h12.

Le NPA est il le nouveau parti des trans pédés gouines ?

Les rencontres nationales LGBTI du NPA de ce weekend ont été un franc succès. On peut se le dire pour se faire plaisir, parce que c’est notre ressenti, parce que ça fait du bien, mais on peut se le dire aussi parce qu’il y a des raisons matérielles qui permettent de le penser.

En terme qualitatif, d’abord, ce weekend a été marqué par des débats riches sur la nécessité de combattre le fascisme, Le topo de notre camarade Rodrigo Cruz du PSOL a décrit le cataclysme mortifère qu’a été le bilan de Bolsonaro qui s’apparente sur certains aspects à un génocide des pauvres et des “minorités de genre” . En France, nous analysons qu’entre 2002 (avec son “front républicain” contre Le Pen) et 2020 (avec sa loi “confortant les principes républicains” en faf à faf avec Le Pen), il y a eu 2012, la Manif Pour Tous et la recomposition de l’extrême droite, de la droite traditionaliste et des groupuscules néofascistes. Ces discussions ont permis de faire un retour sur l’incapacité du mouvement ouvrier à avoir depuis plusieurs années réussi à contrer l’extrême droite et n’avoir pas réellement compris l’enjeu de la montée réactionnaire en 2012. Si les partis, organisations politiques, syndicats, associations, féministes, antifascistes et anticapitalistes et du monde ouvrier avaient fait fermer sa gueule à l’extrême droite à ce moment là, les musulman·e·s ne subiraient pas aujourd’hui ce que nous avons subi en 2012, et l’extrême droite ne serait pas aux portes du pouvoir executif. Ces discussions autour de l’extrême droite étaient très importantes car l’antifascisme n’est pas un surplus moral. Pour les personnes LGBTI, la montée de l’extrême droite voire son entrée au pouvoir à des conséquences concrètes sur nos vies.

Nous avons pu débattre à cœurs ouverts sur les questions de santé, du vih/sida au covid, de la santé mentale pas assez prise au sérieux, de nos lieux communautaires qui ferment provisoirement, ou définitivement, de notre isolement, de nos morts.
Cela a été l’occasion de discuter de quelle solidarité internationale construire avec les LGBTI persécuté·e·s du monde entier et qui puisse s'extraire d’une vision ethnocentrée et impérialiste qui renforce la théorie fumeuse du choc sexuel des civilisations et d’un homonationalisme colonisateur.  

Nous avons démontré l’urgente pertinence de notre politique sur les questions “trans-pédés-gouines“.

Notre orientation est une orientation résolument lutte de classe c’est à-dire qui ne tombe ni dans le travers de la seule lutte contre les “discriminations” d’une sociale-démocratie pinkwashée, ni de la seule traque aux “privilèges” d’un mouvement post-moderne individualiste (nous entendons le post-modernisme comme l’ensemble des courants de pensée qui ont abandonné l’idée que la lutte des classes serait le moteur de l’histoire et donc porteur du changement de société) Notre orientation est centrée sur la question des oppressions et donc des mécanismes qui structurent la société. Dans les débats on a (approximativement) cité Ken Loach: « Voyez une souris qui ne peut s'échapper de la roue dans laquelle elle tourne, sans cesse. Le problème, ce n'est pas la souris, c'est la roue. ». Ce que nous devons démonter pièce par pièce, c'est la roue. Mais notre orientation c’est aussi une orientation unitaire qui veut regrouper largement dans la lutte l’ensemble du mouvement LGBTI, féministe, antiraciste et du mouvement ouvrier autour d’objectifs communs en commençant par les marches des fiertés et la lutte pour une PMA qui ne soit pas une loi au rabais et qui inclut les personnes trans.

D’un point de vue quantitatif, nous avons été plus de 70 participant·e·s étalés sur le weekend, en présentiel et en visio, avec des profils et des parcours assez différents, dont certain·e·s nous rejoignent dans la bataille (bienvenue !) et des sympathisant·e·s enthousiastes prêt·e·s à participer ponctuellement aux échéances. Nous observons que notre fonctionnement en “parti de militant·e·s”, si cela nous protège d’une forme de bureaucratie et d’une tendance électoraliste du parti d'électeur·trice·s, peut également effrayer et rebuter d'éventuel·le·s sympathisant·e·s, nous pensons qu’il est important de nouer des liens de solidarité avec l'extérieur du parti, de faire participer toutes les bonnes volontés qui ont de la sympathie pour le NPA et son action.

Nous ressortons de ce weekend lessivé·e·s, mais avec une énorme sensation de “bol d’air frais”, nous sommes remonté·e·s à bloc pour résister aux LGBTIphobies, aux violences communautaires, pour préparer les échéances des prochains mois.
La prochaine fois, puisqu’on vous le dit … venez ! ;)