Nous avons appris début août le décès de Georges Fontenis. Nombreux parmi nous sont ceux qui ont croisé la route de ce militant libertaire au cours des décennies précédentes. Il faut dire que Georges Fontenis n’était pas un militant anarchiste ordinaire. Porteur d’une conception non sectaire de l’anarchisme, il a joué un grand rôle dans l’affirmation en France du courant communiste libertaire dont l’écrivain Daniel Guérin s’est fait le théoricien. Secrétaire de la Fédération anarchiste dans l’immédiate après-guerre, il a contribué à la transformation de cette organisation en une Fédération communiste libertaire (FCL) dont les positions rompaient avec l’immobilisme de l’anarchisme traditionnel, notamment face à la guerre d’Algérie. La FCL s’était en effet engagée pleinement dans le combat anticolonialiste et c’est la répression qui a finalement eu raison d’elle en 1956. Fontenis fait alors partie des nombreux camarades arrêtés. Après sa sortie de prison, il participe à la Voie communiste, revue de critiques et de débats qui permet la confrontation de dissidents issus du PC à des militants trotskistes ou libertaires. En Mai 68, le Comité d’action révolutionnaire de Tours, qu’il contribue à animer, rédige un projet de plateforme pour une organisation révolutionnaire. En fait c’est à la renaissance et à l’affirmation du courant communiste libertaire que Georges Fontenis participe durant les années d’après-Mai. L’actuelle Alternative libertaire, née en 1991, en est l’ultime émanation. Elle lui doit beaucoup. Nous saluons la mémoire et le parcours d’un militant révolutionnaire dont les réflexions, précieuses, ont souvent rejoint les nôtres. Stéphane Moulain