La marche à Beaumont-sur-Oise, samedi 18 juillet, quatre ans après la mort d’Adama, a été un succès de mobilisation, même d’après les chiffres de la police (1500 en 2019, 2700 en 2020). Nous aurions plutôt dit que 5000 manifestantEs sont venus rendre hommage à Adama et exiger, pour lui comme pour toutes les victimes de violences policières dont les familles étaient présentes, justice et vérité.
Ce succès prouve que l’affluence monstre des 2 et 13 juin (devant le tribunal de Paris et place de la République) n’était pas juste une réplique du soulèvement de révolte venu des États-Unis après l’assassinat de George Floyd. Cette marche est devenue un rendez-vous incontournable au cœur de la période estivale, parce que la famille et le comité ont ancré le combat Adama à la fois dans les quartiers populaires, à commencer par celui où vit la famille, et dans les luttes avec lesquelles se tissent des « alliances ».
Un combat exemplaire et fédérateur
Les rassemblements de juin ont évidemment redonné une forte visibilité au comité Adama, après le trou noir du confinement. Et ils ont permis d’imposer à la justice de relancer un dossier qu’elle aurait voulu définitivement refermer. Pas moins de 17 procédures d’investigations ont été relancées par des juges d’instruction, après une nouvelle audition d’un témoin clé. Par contre la justice refuse toujours la requalification des faits en « homicide volontaire », ainsi que la reconstitution réclamée par l’avocat. Reconstitution que des journalistes du Monde ont, eux, réussi à faire virtuellement, et qui met en évidence toutes les incohérences des témoignages visant à nier les violences policières. On se demande à quoi sert la justice si ce sont les médias qui doivent faire le boulot…
Mais surtout, en dehors de toute visibilité médiatique, le comité Adama a repris, ces dernières semaines, sa tournée des quartiers populaires, pour appeler à la marche mais surtout discuter, échanger avec les habitantEs de tous âges. Avec un objectif : que la mort d’Adama et leur combat soit le déclencheur d’une prise de conscience. Assa, accompagnée souvent d’autres familles de victimes, retisse, à partir des violences policières meurtrières, l’histoire et la place de chacunE : ces jeunes hommes victimes de discriminations systémiques, leurs parents, ces premierEs de corvées, invisibiliséEs, mépriséEs, sauf quand elles et ils relèvent la tête et revendiquent leurs droits, ou en période de crise sanitaire, parce que le combat pour la vérité et le combat pour l’égalité vont de pair. C’est cette compréhension qui a mené le comité Adama à être présent aux côtés des grévistes d’Onet, des Gilets jaunes, de la jeunesse mobilisée pour la justice climatique. Et de les inviter en retour à rejoindre le combat Adama. En 2019, c’est avec les Gilets jaunes qu’avait été organisée la marche de Beaumont. Cette année c’était à l’appel de « Génération Adama-Génération Climat » autour du slogan « Laissez-nous respirer ».
Ces combats qui se croisent et se rejoignent peuvent permettre l’émergence d’une nouvelle génération politique (de tous les âges et de tous les horizons). Le NPA tient à exprimer sa solidarité pleine et entière et à saisir toutes les occasions d’entrer en discussion avec celles et ceux qui sont devenus des « soldats malgré eux ». Manifester ensemble participe de ces discussions, mais elles passent aussi par l’invitation du comité Adama dans l’émission du NPA durant le confinement, ainsi qu’à notre prochaine université d’été, après de nombreuses invitations lors de nos meetings de ces dernières années. Avant de se retrouver en septembre si la juge d’instruction dont le comité demande le désaisissement est toujours en place.