De Jacques Yonnet, L’échappée, 2016, 22 euros.
À partir de 1961, Jacques Yonnet a tenu une chronique hebdomadaire dans le journal des immigrés du centre de la France, l’Auvergnat de Paris. Pour cela, il fera le tour des bistrots et en ramènera une série de chroniques, « Aubergistes et bistrots de Paris », qui dureront jusqu’en 1974, soit près de 700 papiers. Un bouquin joliment édité retrace une partie de ces aventures bistrot-littéraires.
Au gré des ses tournées de bar en bar, de bistrot en bistrot, ses pas le mènent dans le quartier des Halles (qui n’est pas encore détruit), Montmartre ou Montparnasse, ou encore dans des quartiers où il n’y a plus aujourd’hui que des touristes qui osent aller boire un coup, comme Saint-Michel ou le Marais. Tout ces lieux sont aussi le moyens pour lui d’évoquer l’histoire de Paris, les mythes et légendes qui rodent dans certains quartier. Il raconte aussi sa vie, son histoire, lui qui fut un résistant très actif, ainsi que celle de son père, soldat durant la Première Guerre mondiale.
Mais il parle aussi d’alcool, comme quand il conseille à ses lecteurs en 1971, de se rendre au Yam’s dans le quartier de Maubert. « Je vous conseillerai de goûter l’apéritif maison. C’est une spécialité anglaise, à base de cerise, de menthe fraîche, de pelure de concombre. Le tout bien sûr savamment dosé ». Parfois, plus raisonnablement il se contente d’un verre de Gigondas...
L’auteur voit disparaître un Paris qu’il a beaucoup aimé et arpenté. Il évoque avec nostalgie ses chers bistrots des années 1930 désormais disparus, parlant même d’un Paris encore plus ancien… C’est évidemment désuet, mais non dénué de charme. On a parfois l’impression de se retrouver dans un film en noir et blanc, avec Jean Gabin et Michel Simon au même comptoir. Au-delà de ses textes, l’auteur dessinait aussi, et on retrouve dans ces pages les croquis et dessins qu’il réalisait lui-même au fil de ses pérégrinations dans les rues et les bistrots. À la bonne vôtre !
Bierre Paton