Au musée d’Orsay, Paris, jusqu’au 11 mai.
Doit-on voir en Doré (1832-1883) un précurseur des « trublions » soixante-huitards ? C’est ce que paraît suggérer le titre français donné à cette exposition très fournie, « L’imaginaire au pouvoir », et non « The power of imagination » comme s’intitulera plus justement sa présentation cet été à Ottawa. Mais les œuvres parlent, révélant le conformisme d’un artiste veillant à montrer de quel côté il était de la barricade, depuis son « communisme en tableau » du 1er juin 1848 jusqu’à sa « Pétroleuse » de 1871, fusil en main et couteaux de boucher à la ceinture cachée par d’énormes mamelles. D’abord connu pour ses caricatures, il en étendit les ressorts, réalisme et hyperbole, à d’autres domaines qui l’imposèrent, l’illustration en premier lieu. On le voit rivaliser dans ses peintures avec les « pompiers », l’art sulpicien ou le romantisme germanique. Virtuose et prolixe, c’était néanmoins un artiste qui se cherchait.
Gilles Bounoure