Au Palais de Tokyo jusqu’au 16 mai.
«Arpenter l’intervalle » entre art et politique, entre conceptualisme et figuration, entre peinture, installation de néons, littérature et cinéma, histoire et poésie, entre humour et profondeur : c’est toute l’œuvre, majeure, tonique, multiforme et mal connue de Jean-Michel Alberola, peintre discret et plasticien, cinéaste et enseignant, enfin montrée dans toute son amplitude.
On connaît le peintre qui a marqué le retour à la figuration dans les années 80. à la fois poétique et caustique, sa peinture en forme de rébus, telle la série Le Roi de Rien, compositions semi abstraites d’où émergent des silhouettes et quelques détails figuratifs : un pied, une bout de structure, et toujours des incrustations de mots énigmatiques souvent sous forme d’oxymore : La sortie est à l’intérieur, La question du pouvoir est la seule réponse.
Le grand art de Jean-Michel Alberola est d’instiller une cohérence interne à « L’aventure des détails », sous-titre de son exposition personnelle, une liberté où chacun peut y trouver une résonance politique, esthétique, poétique.
La grande force de l’exposition est de révéler l’évidence d’ensemble de son œuvre dans la diversité des médias abordés, la récurrence des thèmes abordés : le capitalisme, l’histoire, la philosophie.
Il est au Palais de Tokyo, où les Anémochories disséminent in situ dans les espaces avoisinants une sélection d’artistes qui, comme lui, explorent les franges des arts convenus : qu’ils soient reconnus comme Stéphane Calais au beaux dessins sérigraphiés entre abstraction et figuration placardés sur les murs du hall, ou en devenir tel Vivien Roubaud et son nuage dans la brise, bâche plastique récupérée.
Le poète Babi Badalov, réfugié d’Azerbaïdjan, parsème de ses mots un grand collage mural (cherchez-y l’affiche du NPA en bas à gauche...).
Les frères Florian et Michaël Quistrebert présentent leur hyperpeinture excessive, débordante de matière épaisse, industrielle, lumineuse et mobile ; Shana Moulton ses vidéos performances, tentative d’échapper à la banalité du quotidien, et le duo Simon Evans (et Sarah Lannan) leur dessin poétique et obsessionnel, entre graphisme et inventaire intro- spectif à la Perec.
Ugo Clerico