Au musée des Arts décoratifs de Paris, jusqu’au 18 septembre.
Tout le monde connaît la fameuse poupée, omniprésente dans les médias et bien souvent décriée. Depuis quelques jours, au sein de cette véritable institution qu’est le très sérieux musée des Arts décoratifs, 700 poupées Barbie sont déployées pour faire revivre une saga avant tout étatsunienne.
Cette exposition présente l’intérêt de s’adresser à deux publics : les enfants s’émerveilleront d’un collection assez exhaustive, allant de la poupée historique à des inédites en robes de soirée créées par les plus grands noms de la haute couture... Les adultes, eux, pourront replacer cette poupée iconique dans une perspective historique, sociologique, en plein cœur de l’american way of life et de ses évolutions.
Créée en 1959 par une femme, Ruth Handler, qui sauvera ainsi la maison Mattel, Barbie est à sa naissance une véritable révolution. Brisant le modèle de la poupée poupon qui prévalait jusqu’alors (où la petite fille était uniquement renvoyée à son « rôle » de future mère...), la poupée mannequin Barbie permet aux enfants de se projeter dans une vie future de jeune femme, idéalisée mais aussi autonome et indépendante… Son âge volontairement flou lui permet d’incarner aussi bien l’adolescente que la jeune femme. Et l’exposition de nous la présenter en activité (plus de 150 métiers) : lycéenne, étudiante, infirmière, hôtesse de l’air... mais aussi vétérinaire, informaticienne, pilote de course, professeur, médecin, danseuse étoile, policière… et même candidate à la présidence des USA, ou astronaute en 1965, soit 4 ans avant Neil Armstrong !
Reste les stéréotypes, qui visiblement sont allés en s’amplifiant avec le temps, de pair avec le succès commercial planétaire... La longue silhouette galbée blonde, son caractère filiforme, ont sans nul doute fait bien plus de mal que de bien dans l’imaginaire des petites filles du monde entier (un imaginaire d’où à l’évidence les petits garçons sont exclus...). Pourtant, courant souvent derrière la réalité, Mattel a régulièrement essayé de corriger le tir, de la première Barbie noire... en 1968, à celle aux formes plus rebondies ces dernières années.
Toute la contradiction d’une Barbie si souvent critiquée que l’on en viendrait à oublier la dimension progressiste, voire émancipatrice, qu’elle a pu représenter...
Manu Bichindaritz