Musée Marmottan-Monet, Paris, jusqu’au 6 juillet.Beau cadeau pour les 80 ans du musée Marmottan : une centaine d’œuvres venant de collections particulières du monde entier, pour certaines jamais exposées. Une occasion de faire quelques belles découvertes, y compris chez Monet, ou de survoler le mouvement des impressionnistes.
On suit un parcours chronologique :★ Aux origines de l’impressionnisme. Des Corot, Boudin, Jongkind : la touche se libère peu à peu, la captation de l’instant et la lumière sont là, principalement dans ces paysages d’Île-de-France et de Normandie, les chevalets sortent de l’atelier. Un rare Bazille, un Manet nettement sous-représenté vu l’importance de sa critique de l’académisme pictural, mis à part une belle esquisse du Bar aux Folies-Bergère. ★ L’impressionnisme vers 1874, date de la première exposition de groupe de ces peintres en révolte contre le goût imposé. Ils sont tous là : Monet, Renoir, Pissarro, Degas, Sisley, Berthe Morisot, et même Cézanne. L’accrochage fait la part belle au maître des lieux Monet, ainsi qu’à Berthe Morisot ; des Sisley, des Renoir ; ici trop peu de Cézanne, mais de beaux paysages structurés de Pissaro.
★ L’impressionnisme de 1880 jusqu’à 1886. Des années très difficiles, le groupe se disperse en province et Paris, chacun suit sa propre voie.
★ Gustave Caillebote : le bourgeois très parisien, véritable mécène des impressionnistes dont il lègue de nombreuses œuvres à l’État et que l’on ne cesse de redécouvrir, l’an passé à Paris, cette année à Yerres jusqu’au 20 juillet.
★ Edgar Degas : l’ardent défenseur du mouvement qui se définit lui-même comme l’impressionniste réaliste. Quelques beaux pastels et une superbe sculpture.
★ Au-delà de l’impressionnisme : le succès enfin, tardif et individuel, à partir de 1890 et jusqu’à la mort de Monet dont les œuvres tardives sont d’une grande modernité, à la limite de l’abstraction. On peut aussi aller revoir par la même occasion l’Impression soleil couchant et les célèbres Nymphéas dans les collections permanentes de Marmottan. Rien ou presque sur le rayonnement international : après les expos sur les Macchiaioli et les Slovènes l’an dernier, il convient d’aller à Giverny jusqu’au 29 juin pour admirer « les Impressionnistes et les Américains ». Une superbe expo donc, un peu limitée aux impressionnistes les plus orthodoxes, au risque de réduire l’impressionnisme à un style, au détriment de son impact novateur et subversif dans l’art moderne.
Ugo Clerico