Film français, durée 1 h 43, sorti le 29 mai 2024.
Vivre au jour le jour ; poser son camion là où le vent le porte et repartir quand il aura tourné ; travailler dur mais pas tout le temps ; faire la fête, souvent… C’est le mode de vie que se sont choisi Nina et Djoul, dont l’amitié nous transporte tout au long de ce superbe film, contemplatif et engagé.
Un film brut
Dès les premiers instants, par un jeu intelligent de hors-champs, l’immersion est totale. Après avoir vécu avec elles l’évacuation brutale de leur squat, on reprend la route avec les deux héroïnes qui vont enchaîner rencontres et petits boulots. Entre fouille de poubelles, travail à la chaîne, réparation du camion, être « fainénantEs » demande, en fait, beaucoup d’efforts. Le prix de la liberté est énorme, et Nina et Djoul témoignent d’une force rare pour se donner les moyens de vivre au gré de leurs envies, toujours vers l’avant, dans la vie comme sur les routes. Elles nous entraînent avec elles dans l’univers des « punks à chien » et nous font partager leurs moments de joie, de souffrance, de disputes. Elles rient, elles gueulent, elles aiment, elles rêvent. Elles chantent, aussi, magnifiquement, du Colette Magny à fond, sur des airs d’accordéon.
Un film vrai
Porté par deux incroyables actrices — l’une d’elles fait ses premiers pas au cinéma dans ce film —, Fainéant·es pose un regard doux, juste, jamais condescendant, sur celles et ceux que notre société souhaiterait le plus souvent ignorer. Parce qu’iels choisissent de vivre autrement dans un monde qui ne croit qu’aux moules et à la méritocratie, on les marginalise, on les craint. Karim Dridi — à qui l’on doit notamment Chouf (2016), sélectionné au festival de Cannes — questionne et bouscule nos préjugés, sans tomber dans le piège de la pitié moralisatrice. L’image est pure, le son brut, les voix puissantes et usées. Le film est à l’image de ses protagonistes : subversif et sans compromis. Une très belle ode à la liberté.
Cyrielle L. A.