Éditions Pontcerq, 2025, 116 pages. 11,50 euros.
Les éditions Pontcerq, établies en la bonne ville de Rennes, nous livrent en ce début d’année un petit livre qui se propose de nous faire découvrir Johann Peter Hebel, natif de Bâle à la fin du 18e siècle, « écrivain en Allemagne admiré de Kafka et Benjamin », encore quasiment inconnu en France.
À cela il fallait remédier. Aussi, depuis 2016, les activistes, les poètes, les trublions de Pontcerq et leurs alliéEs — et ils en ont bien quelques-uns, généralement intrépides, mais pas trop tout de même — ont invité les historiettes dudit Hebel à sortir de leur étrangéité, à investir la rue, lors des lectures publiques de leur « rezitator », ou à retentir dans les travées de la Maison du peuple occupée en mai 2016 pendant les grèves contre la loi travail, à rencontrer leurs lecteurs dans la rue sous forme de tracts (flugblatt), à couvrir les murs lors de collages du soir, à occuper les comptoirs de librairies amies — de Rennes et d’ailleurs, Nantes, Angers, Saint-Étienne, etc. — qui en offrent des tirages à leurs clientEs.
Pourquoi Hebel, pourquoi ces historiettes, pourquoi sous cette forme ? Sans doute est-ce lié à la singularité de Pontcerq — ou alors est-ce ce qui la fonde ? — édition impertinente, qui ne recule pas devant l’intervention, la précarité, le pas de côté, voire une forme de nomadisme éditorial et parfois militant. Et sûrement est-ce la meilleure manière d’introduire un auteur qui s’est fait connaître, au cœur du canton de Bade, par des écrits sages et édifiants, auprès d’un lectorat populaire, au travers d’un Almanach — L’Almanach du pays de Bade — dont il dut, pour en vivre très imparfaitement, assumer seul la charge de 1802 à 1815. Il en fut quitte pour un lot de 300 historiettes : encore pas mal de Kolportage en vue pour les équipes de Pontcerq !
L’ouvrage, un petit livre à la Pontcerq, malin1, subtil, poursuit le but de « l’y introduire [Hebel, en France] subrepticement, au moyen de trois études brèves abordant chacune un ou plusieurs aspects de l’œuvre et de la vie de l’écrivain ».
Vincent Gibelin
- 1. Attention, un livre à la Pontcerq se lit intégralement : ne ratez pas les notes — nombreuses — ni les annexes, variées, qui guident vers une lecture tous azimuts, indispensable.