Documentaire français de Philippe Guilloux, 1h18, première sortie le 17 octobre 2018.
Le film n’est pas facile à voir car, en attendant la sortie DVD, il est malheureusement diffusé dans très peu de salles. C’est dommage, car il est très intéressant…
Des gens qui savent de quoi ils et elles parlent
Sept salariéEs témoignent de leur histoire, après leur licenciement et la fermeture de leur usine Gad, des abattoirs en Bretagne. Et contrairement à ce que nous voyons et entendons trop souvent sur les plateaux télé et radio, ces gens savent exactement de quoi ils et elles parlent.
Ce qui nous est raconté nous touche de près, car c’est la vie de millions de gens, de salariéEs qui perdent leur emploi après des années de travail, c’est notre vie d’hier, d’aujourd’hui ou peut-être de demain. On voit le choc de l’annonce de la fermeture, l’incompréhension, le mépris patronal, la résistance, l’espoir, la dignité et puis la défaite, le désespoir, la vie qui bascule. Le film parle des conditions de travail, des liens et des solidarités entre collègues mais aussi de l’après-licenciement, de la perte du travail, de la recherche d’un autre emploi, du chômage, des doutes, des peurs, de la perte de confiance. Les témoignages sont émouvants, partagés entre la colère, l’écœurement mais aussi la résignation, le fatalisme. Gad est une des usines qui avaient fermé en 2012-2013, une situation sociale dramatique qui était à l’origine du mouvement des Bonnets rouges, cette révolte populaire à la fin de l’année 2013. Avec les licenciements et les fermetures du moment, sur fond de colère des Gilets jaunes, on a l’impression de vivre exactement la même chose, en plus grand. Ce film est un très bon outil pour débattre de la situation, pour passer de la résignation ambiante à l’organisation de la riposte, touTEs ensemble.
Philippe Poutou