De Michel Pinçon et Monique Pinçon-Charlot. Textuel, 2017, 8 euros.
En écrivant ce petit livre de 63 pages, Michel Pinçon et Monique Pinçon-Charlot ont fait œuvre de salubrité publique. On y trouve rappelé beaucoup d’éléments factuels sur les dominants et leurs liens organiques avec les États et les politiciens. La capacité du capital d’enrôler de multiples secteurs de la vie sociale au service du profit est soulignée : du réchauffement climatique (avec le marché des droits à polluer) à la santé et à l’action sociale (où s’étend le champ du privé et donc une gestion dont les ressorts sont contradictoires avec une prise en charge correcte des personnes).
La montée des inégalités et l’impudence d’une classe dominante mobilisée pour ne pas payer d’impôt font le jeu de prétendus « antisystèmes » comme Trump et les Le Pen, tandis qu’un Macron est un manipulateur idéologique qui fait « passer une liberté négative et individualiste pour la liberté sociale ». Les auteurs soulignent à juste titre qu’au-delà des itinéraires personnels les « affaires » doivent être analysées avec les outils de la sociologie qui mettent en évidence une classe dominante.
La pensée néolibérale, écrivent-ils, « enveloppe la guerre des classes d’un brouillard dense et d’une nuit impénétrable ». Leur texte vise, comme leurs ouvrages antérieurs, à contribuer à dissiper ce brouillard. Même si, parfois, on aimerait y trouver des développements plus amples (par exemple sur l’instrumentalisation des nouvelles technologies, sur la finance, etc.), leur travail est fort utile. Et pour ceux qui veulent faire le point sur ce qu’est la classe qui nous domine, il est aussi utile de lire (si ce n’est pas déjà fait) Sociologie de la bourgeoisie1.
Henri Wilno
- 1. La Découverte, 2016 (réédition), 10 euros.