Publié le Mardi 24 décembre 2019 à 14h50.

À lire : Celle qui n’était pas sage, de Geneviève Legay

Syllepse, 156 pages, 10 euros.

À l’origine du livre, c’est cette scène médiatisée, qui s’est déroulée le 23 mars dernier à Nice, lors d’une manifestation Gilets jaunes. La police charge comme elle sait faire, avec brutalité, sans que rien ne le justifie. L’instant d’après, une femme reste à terre, inconsciente, la tête ensanglantée. Il s’agit de Geneviève, une militante d’Attac, âgée de 73 ans. Grièvement blessée, elle est hospitalisée, son pronostic vital étant engagé… Elle s’en sortira, après des semaines d’hospitalisation et des mois de rééducation.

Une vie de luttes

Ce livre est là pour raconter et dénoncer la violence de la répression, une violence pas seulement policière mais politique. Car comme le dit Geneviève, les premiers responsables sont le gouvernement, Castaner et Macron qui n’ont pour réponse au mouvement social que la matraque pour faire taire la contestation. Il s’agit donc de parler, pour ne pas oublier, pour dire que des mois après le combat est toujours là, qu’il y aura bien un procès, pour que le « crime » ne reste pas impuni, en essayant de faire condamner le commissaire de police Souchy et le préfet, parmi d’autres responsables qui ont menti et manipuler les faits.

À partir de cet évènement, Geneviève revient sur sa vie, sur ce qui l’a amenée à militer, dans des associations (de parents d’élèves, de quartier, ATTAC…) puis des syndicats (CGT) et des partis politiques (PCF puis Ensemble !). Elle parle des injustices, de cette société capitaliste qui la révolte et aussi de la fraternité et de la solidarité qu’elle trouve dans les diverses résistances.

Le décor c’est Nice, cette ville particulière, très à droite, avec ses maires réactionnaires, de Médecin jusqu’à Estrosi, de la corruption du système, de sa violence. On y voit des luttes « locales » comme celle de Cédric Herrou dans la vallée de la Roya en aide aux réfugiéEs qui passent la frontière ou d’Olivier, professeur syndiqué, et d’autres, pourchassés par les policiers du syndicat d’extrême droite Alliance, si peu respectueux du droit de manifester.

Voilà un livre court, à faire passer, comme un outil pour rendre ­contagieuse l’envie de lutter.

Philippe Poutou