De passage à la « grande maison » pour une déclaration de manifestation et découvrant une banderole peu habituelle en ces lieux, l’auteur de ces lignes a eu l’immense bonheur de visiter l’exposition « L’homme derrière le bouclier ». Après les repentis devenus macronistes Cohn-Bendit et Goupil invités au festival de Cannes, c’est au tour des flics, décomplexés et fiers de leurs états de service, de nous conter leur Mai à eux !
Nous n’oublions pas les morts et les blesséEs de 1968
Inutile de préciser que la brillante épopée exposée là est bien éloignée de la réalité qu’ont vécue les milliers de manifestantEs tabassés, roués de coup et embarqués en masse au centre de tri de Beaujon. On nous parle du préfet Grimaud comme d’un brave homme qui a tout fait pour éviter un bain de sang et l’usage des armes à feu, de corps de police totalement surpris et débordés par l’ampleur des manifestations et de CRS profondément choqués de se faire traiter de SS… Non c’est vrai ? Il y a un homme, un vrai, qui réfléchit derrière le bouclier ? Excusez-nous, mais on avait pas remarqué… ni à l’époque, ni aujourd’hui ! D’ailleurs la vidéo sur les « casseurs » d’hier, qualifiés de gangs de banlieues, et comparé aux « casseurs » d’aujourd’hui, qualifiés uniformément de « black blocs », prouve à elle seule que vous n’aviez rien compris en 68, pas plus qu’en 2018.
Pour nous, un des symboles de Mai 68 restera la répression. Celle qui fût mortelle pour Gilles Tautin, jeune militant maoïste assassiné par les flics à Meulan. Le groupe de manifestantEs dont il faisait partie fut chargé par les gendarmes, au bord de la Seine. Après qu’il se fut jeté à l’eau, les flics empêcheront Gilles de rejoindre la rive jusqu’à la noyade. Ce sont les deux ouvriers de Peugeot Sochaux Pierre Beylot tué par balles, et Henri Blanchet poussé du haut d’un mur… Alors un peu de décence : derrière le bouclier il y a des assassins assermentés en puissance !
Alain Pojolat