Éditions Ecosociété, édition revue et augmentée 2018, 144 pages, 12 euros.
La réédition du livre de Rodolphe Christin en 2018 devait permettre l’actualisation de la question du tourisme rendue nécessaire par son évolution très rapide et spectaculaire. Malgré l’accélération des problématiques liées au dérèglement climatique et l’expérience de la crise covid, on peut penser que les grandes tendances indiquées dans l’ouvrage ne sont pas remises en cause.
Mondialisation !
Le tourisme est avant tout, nous montre l’auteur, un marqueur de l’économie capitaliste hyperproductiviste mondialisée. Il concerne touTEs les habitantEs de la planète, qui touTEs sont touchéEs par ses effets sur le mode de production et le type de développement qu’il impose, quand bien même c’est une toute petite partie de l’humanité qui en tire profit, tant pour ce qui concerne l’appropriation des profit générés que pour la jouissance de ses plaisirs et de ses bienfaits culturels et personnels.
C’est un modèle occidentalisé, porté par les classes dominantes des pays riches qui prennent la planète pour leur terrain de jeu, comme elles ont pu le faire avec l’exploitation coloniale puis le contrôle néocolonial des économies dominées. Ce modèle s’impose partout, sans exception, et participe de l’uniformisation de la consommation des loisirs et du temps libre, qui sont devenus des marchés très lucratifs.
Et moi, et moi, et moi...
Jusqu’ici, pas de problème, en tant qu’anticapitaliste, pour adhérer à la thèse de Rodolphe Christin. Nous qui sommes conscientEs, nous ne nous laissons pas avoir, malgré nos contradictions que nous gérons de façon dialectique. Malheureusement, ce n’est pas si simple, et l’ouvrage passe en revue les diverses façons pour qui veut voyager, prendre des vacances, de le faire la conscience tranquille... Et l’auteur a la cruauté de démonter toutes ces belles inventions que sont le tourisme équitable, les valeurs simples de la randonnée et du voyage durable, de les ramener au statut de « niches » malgré tout bien intégrées au processus général de marchandisation et de mondialisation auquel il nous promet de ne pas échapper...
Heureusement, la réflexion de Rodolphe Christin est d’ordre sociologique, philosophique non point moral. Cela nous permet de bien comprendre le phénomène sans (trop) se sentir coupable personnellement... Et si le salut venait de vacances à Port-Leucate du 26 au 31 août ?