Publié le Vendredi 29 novembre 2024 à 11h00.

Contre la surexploitation des travailleurEs immigréEs, Russes et UkrainienNEs uniEs dans la grève !

Orange Fox Bikes, dont le siège est à Barcelone, a ouvert une branche parisienne située 32, rue Feydeau, métro Bourse, au printemps 2024. Composée de travailleurEs réfugiéEs de Russie et d’Ukraine, elle propose des visites touristiques à vélo dans Paris. Nous avons rencontré Bogdan, guide touristique de l’entreprise.

Sept travailleurEs assurent les visites et la maintenance des vélos entre les rotations. Selon nos sources, le gérant, âgé de 19 ans, n’aurait pour fonction que de signer des documents et n’aurait pas de contrat ainsi qu’aucun lien juridique avec le siège de l’entreprise, dont le propriétaire, Oleksandr Vasyliev serait lui récidiviste pour avoir mené en Ukraine des « infractions à l’entreprise ». Les travailleurs, eux, sont payés sous le smic et n’ont aucun contrat de travail. 

La saison terminée, les conditions de travail s’aggravent

Depuis le licenciement de la quasi-totalité des mécaniciens à la fin de la saison touristique, le dernier en poste effectue des semaines de 7 jours avec une cadence infernale, sur des journées qui représentent entre 7 heures et 10 heures de travail quotidien.

Dans la foulée, le salaire des guides a été diminué pour cause de fin de saison et de baisse d’activité. Pour Bogdan et quatre de ses collègues, c’en est trop. Ils ont entamé une grève le 23 octobre 2024. Des personnes arrivent sur site, alors qu’elles ne sont pas employées, pour tenter de casser la grève.

L’immigration, c’est moins un problème pour la bourgeoisie quand il s’agit de travail dissimulé. Comme beaucoup de réfugiés, Bogdan, originaire de Russie, nous raconte avoir trouvé ce job via un réseau communautaire, où un camarade travaillait pour Orange Fox Bikes. Profitant de leur situation précaire et juridique, la direction leur verse un salaire horaire d’environ 7 euros de l’heure, sans aucun contrat, pourtant réclamé par tous depuis leur embauche, et profère des menaces de déportation vers la Russie (donc vers la prison pour certains car en opposition au régime de Poutine) et l’Ukraine (pour « prendre les armes »), afin de mettre un terme à la grève.

La détermination inébranlable des grévistes

Cette grève a conduit à une perte de 75 clients dès le premier jour. L’entreprise est à l’arrêt complet. Soutenus par l’US CGT Commerces et Services et l’UD CGT de Paris, les travailleurs occupent les lieux jour et nuit depuis le 15 novembre. 

Leurs revendications : des contrats de travail conformes à la législation française avec rétroactivité salariale ; une augmentation des salaires à hauteur de la convention collective.

La direction a répondu par la proposition d’un CDD de 20 heures / mois ; le reste étant non déclaré. Les travailleurs ont refusé.

Grâce à la saisine de l’inspection du travail et en vue de la convocation du patron par celle-ci, l’avocat du patron s’est rendu sur site promettant oralement une régularisation de la situation.

Sans salaire depuis plus d’un mois, les grévistes ont mis en place une caisse de grève. Et pourtant, de l’argent, il y en a, dans les caisses du patronat !

Diego Moustaki