Amaral, Antartida, 2015, 16 euros.
Après le CD Hacia Lo Salvaje (2011) qui connut un énorme succès en Espagne et en Amérique latine, Eva Amaral, la fondatrice du groupe Amaral avec Juan Aguirre au milieu des années 90, était restée quasi silencieuse pendant 4 longues années. La sortie de ce septième opus Nocturnal (disponible en CD et en téléchargement), annoncé puis reporté depuis presque deux ans, est donc un soulagement.
Amaral a bien failli succomber au syndrome Heroes del Silencio, plus grand groupe rock d’Espagne lui aussi originaire de Zaragoza, et se taire pour ne pas se répéter. Si Nocturnal innove avec des orchestrations plus fouillés (piano, cordes, chœur), Eva Amaral garde sa voix unique qui fait penser à une Chrissie Hynde (fondatrice des Pretenders) latina et engagée qui veut toujours être amenée plus loin (« LLévame muy lejos » ouvre l’album) et sortir des villes maudites (« la ciudad maldita »). Eva prévient ses fans qui ne la croit pas : « il n’y a rien de bon en elle et sa tête, comme la terre, perd son orbite » (« Nocturnal » qui donne son nom au CD). Il est vrai que lorsque l’on a vu la plage de son enfance en Galice (« Riazor », une autre pépite du groupe) recouverte d’une immonde marée noire avec la complicité des gouvernants, on reste orpheline de la révolte ou de la révolution. Pourtant le groupe a retiré du nouvel album son hymne contre les politiciens, « Ratonera », pourtant rôdé en concert. Dommage mais compréhensible à quelques jours d’élections décisives pour l’Espagne.
Amaral recherche en permanence de nouveaux espaces sonores et sensations et, selon Juan Aguirre, tout riff de guitare ou son qui rappellerait un morceau précédent a été retiré du nouvel album. En tout cas, beaucoup de plaisir à les retrouver... ou à les découvrir.
Sylvain Chardon