De Gaël Faye. Grasset, 18 €.
C’est à travers une bande de joyeux lurons vivant à Bujumbura, capitale du Burundi, qu’on découvre le génocide des Tutsis au Rwanda et au Burundi.
Gabriel, âgé d’une dizaine d’années vit, dans un quartier aisé, « l’impasse », avec son père entrepreneur français, sa mère rwandaise Tutsi et sa sœur Ana.
Ses copains : les jumeaux toujours prêts à raconter des histoires, Gino un autre métis, et Armand. Pour eux, peu importe d’être métis ou noir : à la question « de quelle origine es-tu » Gaby répondra plus tard : « je suis un être humain ».
L’essentiel : se retrouver pour chaparder des mangues, dans le combi Volkswagen pour rêver, s’échapper boire une bière au cabaret, se promener le long des bougainvilliers… Une enfance heureuse mais qui va peu à peu se ternir.
D’abord avec la séparation de ses parents. Puis, par les bribes de conversations d’adultes, en écoutant à la radio avec Gino les nouvelles du front au Rwanda où le génocide débute en avril 1994, il va commencer à comprendre qu’être métis, d’origine Tutsi, est devenu dangereux.
C’est aussi à travers le retour de sa mère dans son pays d’origine à la recherche de sa tante Eusébie, mère de quatre enfants qu’elle considère comme sa sœur, qu’il va mesurer l’ampleur du drame.
Un génocide sous les yeux des casques bleus et notamment de l’armée française qui a permis l’armement de l’armée rwandaise contre les Tutsis.
Un génocide sur fond de misère où le pourcentage de la population consommant moins de 1600 calories par jour passe de 9 % en 1982 à 40 % en 1990.
Gaël Faye, rappeur, a écrit ce livre pour crier que : « que nous avons existé, avec nos vies simples, notre train-train, notre ennui, … avant d'être expédiés aux quatre coins du monde et de devenir une bande d’exilés, de réfugiés, d’immigrés, de migrants. »
Isabelle Larroquet