Publié le Dimanche 24 novembre 2013 à 00h42.

Roman : littérature mexicaine ?

Bien que non mexicains, B. Traven et Paco Ignacio Taibo II sont bien deux auteurs majeurs de la littérature mexicaine...

B. Traven. Des conseils ouvriers en Bavière en 1918  à aujourd’hui : plus de 25 millions de livres vendus ! Même s’il est né en Allemagne, cet auteur a vécu toute sa vie au Mexique, un vrai indigène mexicain... Il est, il vit ce que l’humanité endure. Les éditions la Découverte ont réédité en 2010 ses romans les plus importants mettant en scène les conditions effroyables d’exploitation des indiens mexicains tels Rosa Blanca, la Révolte des pendus, le Vaisseau des morts, la Charrette, le Trésor de la Sierra Madre… Libertalia vient de rééditer les Cueilleurs de coton (18 euros). Comme son titre l’indique, ce n’est pas précisément une œuvre légère, ce qui n’empêche nullement Traven d’émailler son récit d’un humour bien corrosif. Seul le Mexique d’en bas pouvait accueillir Traven, rescapé de la répression sanglante de la révolution allemande et lui permettre d’exprimer, jusqu’à sa mort en 1969,  sa sensibilité internationaliste. Le début du roman — où « nègres, chinetoques indiens » et lui-même, tous couverts de haillons, écrasés de soleil, forment une troupe de hasard mais déjà soudée par la misère et l’exploitation — est un vrai chef d’œuvre.Paco Ignacio Taibo II. Paco, lui aussi, est un déraciné : sa famille s’est installée au Mexique fuyant la répression franquiste des années 50. Mais contrairement à Traven, il est d’origine fortunée, ce qui n’a jamais été un obstacle infranchissable pour défendre et s’identifier à la révolution. Preuve en est la présence récurrente et centrale dans ses œuvres et romans de personnages « absolus », sans concession avec l’ordre dominant, de vrais révolutionnaires, ce type d’insoumis que l’histoire a certes défaits mais qui en conséquence nous parlent. On se souvient de sa biographie du Che en 2001, et de son livre Des morts qui dérangent écrit avec le sous-commandant Marcos en 2005. En octobre dernier est enfin paru en poche sa remarquable biographie de Pancho Villa (Payot, deux volumes de 11 euros), ainsi que deux romans à ne pas rater, Archanges, 12 histoires de révolutionnaires sans révolution possible (Métailié, 12 euros) et Retour des tigres de Malaisie, plus anti impérialistes que jamais (Métailié, 20 euros).

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