Publié le Dimanche 24 novembre 2013 à 20h59.

Roman : Wallenstein d’Alfred Döblin

Pourquoi, quand est médecin militaire non loin du front, durant la Grande Guerre, s’être mis en tête d’évoquer une autre grande boucherie européenne qui datait alors de trois cents ans ? Et que nous importe aujourd’hui cette guerre de Trente Ans (1618-1648), même évoquée par Döblin ? Une première réponse est dans ce roman, traduit (excellemment par Michel Vanoosthuyse) pour la première fois en français, burlesque, grotesque, énorme, ironique et onirique aussi. Quoique doté de grands moyens dans ces registres et tenant Döblin pour son « maître », Günter Grass n’a su l’égaler dans Une rencontre en Westphalie (1979) se déroulant à la même époque. Commentant son Wallenstein dix ans après sa parution, Döblin n’y voyait pas un « héros à la Schiller, mais un moderne chevalier d’industrie, un exploiteur effréné de l’inflation, un as de l’économie et de la stratégie », comme si l’Allemagne devait craindre son retour. C’était en 1930.

Gilles Bounoure

Roman : Wallenstein d’Alfred Döblin,  Agone, 38 euros