Les récents propos du raciste multirécidiviste Guéant, liant honteusement violence à Marseille et immigration comorienne, ainsi que les émeutes contre la vie chère, réprimées par gendarmes et blindés appelés de la Réunion, ont remis Mayotte sous les feux de l'actualité.
Slim Mawana fait partie de ces hommes dont la vie est dictée par l'éthique et la loyauté à des principes intangibles.
Artiste rare, auteur, compositeur musicien et chanteur emblématique de la lutte pour le retour de Mayotte au sein des Comores, il fut un temps animateur radio des matinales de RFO Mayotte, utilisant cette tribune pour promouvoir la culture afro comorienne.
Pan africain convaincu, il devient ironiquement en 1991 le lauréat atypique d'un concours de chant intitulé «Mayotte, 50 ans d'histoire avec la France», avec un titre hommage à Mawana Mahdi, sultan respecté de l'île au 19è siècle, mort après avoir été trahi. Ce prix lui offre l'occasion de jouer en 1ère partie du groupe antillais Malavoi.
La censure subie par cette chanson suite aux manoeuvres du mouvement pro départementalisation le pousse instantanément à quitter son poste d'animateur vedette et à continuer autrement le combat.
Sa musique, nourrie d'influences diverses (Marley, Fela Kuti, Hendrix, Miles Davis entre autres) est un afro-beat métissé de jazz, reggae, avec des incursions du côté de la transe des Gnawas. Ses textes sont autant de pamphlets dénonçant la guerre, le racisme, le sort des migrants, l'impérialisme et les survivances coloniales avérées:Woza Moya en 2001, War for Oil au titre explicite, écrit en 2004 après l'invasion de l'Irak.
Dans son 3è opus L'Union Fait la Force (2011), dédié au père de la révolution comorienne Muongosi Raïs Ali Soilihi il se fait chantre de l'unité comorienne.
Dénonçant inlassablement la violence coloniale d'une partition illégale autant qu'illégitime, il vit en France où il crée Malinke, une association destinée à valoriser la culture afro comorienne, ainsi que le 1er festival africain commémorant l'abolition de l'esclavage.
Son parcours est semé de rencontres, en Europe, en Afrique, et partout il fédère autour de l'espoir d'une réunification des 4 îles, du retour de Mayotte à la République des Comores.
Généreux, infatigable et courageux, il se rend partout où il peut porter cette parole de lutte.
Militant authentique et intransigeant, mêlant une démarche artistique originale à une réelle vision politique, Mawana est une bête de scène enthousiaste et enthousiasmante, entouré d'excellents musiciens, tous au service d'une cause non négociable, l'anticolonialisme.
Gisèle Felhendler