Adaptation théâtrale du roman de Joseph Andras. Théâtre des Déchargeurs, 75001 Paris, places en vente sur internet, à partir de 13 euros.
L’Anticapitaliste (n°342 du 23 juin 2016) avait souligné l’importance du roman de Joseph Andras sur Fernand Iveton, ouvrier, militant du parti communiste algérien (PCA), guillotiné le 11 février 1957. Ce roman est aujourd’hui adapté à la scène par le Collectif Satori.
Anticolonialisme
Avec une (trop) grande économie de moyens, les acteurEs nous font revivre les derniers jours de Fernand Iveton, l’être humain et pas seulement le militant. Comme dans le roman, on assiste à la rencontre entre le « pied-noir » anticolonialiste et sa future femme Hélène, d’origine polonaise et sans illusion sur la réalité du « communisme » au pouvoir à l’Est. Une Hélène qui, après l’arrestation de son mari, ne veut pas craquer et reste digne face à la meute colonialiste.
Iveton rêve d’une Algérie débarrassée du colonialisme, où coexisteraient EuropéenEs d’Algérie et indigènes. Un de ses meilleurs amis était l’adjudant Maillot, qui a déserté avec un stock d’armes et a été éliminé par l’armée française.
La bombe qu’Iveton a posée dans son usine l’a été de telle façon qu’elle ne risque pas de faire de victimes : l’ouvrier voulait faire un acte significatif de lutte contre le colonialisme, pas tuer à l’aveugle. La bombe n’a d’ailleurs même pas explosé. Après son arrestation, il est torturé par la police française. Le PCF (qui vient de voter les pouvoirs spéciaux au gouvernement dirigé par le socialiste Guy Mollet) fait preuve d’une solidarité limitée à l’égard d’Iveton ; ce n’est qu’après sa condamnation à mort qu’un des grands avocats du parti le prendra en charge. Sa grâce est refusée par le président de la République René Coty, et le ministre de la Justice de l’époque, un certain François Mitterrand, a une grande responsabilité dans cette décision. Il faut faire un exemple !
Fernand Iveton avait fait l’objet d’une biographie de Jean-Luc Einaudi parue il y a trente ans. Ensuite est venu le roman de Joseph Andras. Maintenant cette pièce de théâtre qui en restitue l’essentiel et crée indignation et émotion chez les spectateurEs. On peut la voir à Paris jusqu’au 10 mars et peut-être ensuite, il faut l’espérer en tout cas, dans d’autres villes.
Henri Wilno