De Lee Hall. Par le collectif La lanterne. Jusqu’au 28 mai au Théâtre 13 / Seine (Paris 13e).
Les peintres au charbon… Les mineurs au pinceau serait plus approprié. On descend par une galerie de mine reconstituée, et on se retrouve en 1934 dans une espèce de local syndical où se déroulent des cours pour les ouvriers. Ce soir débute un cycle d’initiation artistique...
L’enseignant, Robert Lyon, commence à expliquer aux assistants ce qu’il pense être les bases, mais ils n’y comprennent rien : ce sont pour la plupart des mineurs qui ont commencé à travailler à douze ans et font quarante-huit heures par semaine « au fond ». Lyon a une idée : il leur propose de se mettre à peindre et de discuter ensuite ensemble de leurs œuvres. Et ça marche… c’est le début de longues discussions sur l’art, la façon de regarder une œuvre, le rapport entre art et réalité, art et société, la capacité de chacun à être un artiste, etc.
C’est un peu trop bavard mais les spectateurs, qui sont disposés de part et d’autres des acteurs, s’accrochent, car des questions passionnantes sont abordées, et il ne s’agit pas ici de vanter un quelconque « réalisme socialiste ».
Le parcours va durer une dizaine d’années. La qualité de leurs œuvres s’améliore, ils commencent à être reconnus et exposés, ils rencontrent de « vrais » artistes, mais ils demeurent des mineurs et des syndicalistes. Mais l’art les a changés : « c’est une chose étrange : une fois que vous avez terminé un tableau, vous sentez que c’est un morceau de votre vie ». La pièce est fondamentalement joyeuse, et à la fin, ils reprennent en chœur la chanson de John Lennon « Working class hero ».
Ce groupe des mineurs a effectivement existé et la pièce retrace assez fidèlement leur parcours. Ils sont connus comme le Ashington group, et Oliver Kilbourn, le plus connu d’entre eux, a travaillé à la mine de 1917 à 1968...
Henri Wilno