UJFP (Union juive française pour la paix), Syllepse, 2016, 5 euros.
Dans les manifestations antiracistes et de soutien aux Palestiniens, il est fréquent de croiser la banderole de l’UJFP dont le rôle est essentiel dans la dénonciation du prétendu soutien unanime d’une « communauté juive » (qui d’ailleurs n’existe pas) à la politique israélienne.
Dans la brochure de l’UJFP, le lecteur trouvera des rappels, notamment historiques, majeurs sur le racisme, ses origines et ses différentes facettes. Un tel texte peut et doit être utilisé dans des formations ou des discussions sur le sujet. Globalement, son contenu est facilement accessible et remplit l’objectif énoncé : s’adresser à un public large.
On peut cependant s’interroger sur la critique faites par les auteurs du slogan « contre le racisme et l’antisémitisme ». Ils y voient une manifestation de la tendance à traiter l’anti-sémitisme comme un racisme exceptionnel. Cette tendance existe, mais en même temps, il est clair que pour paraphraser la célèbre formule du socialiste allemand Bebel (« l’antisémitisme est le socialisme des imbéciles »), l’antisémitisme est aujourd’hui « l’anti-impérialisme de certains imbéciles ou malintentionnés ». Sa dénonciation explicite n’est donc pas superflue. En fait, on retrouve là un vieux débat : « Où veux-tu en venir avec les souffrances particulières des Juifs ? », écrivait Rosa Luxemburg à une amie durant la Première Guerre mondiale. Certes, l’insistance sur les « souffrances particulières des Juifs » est le leitmotiv des sionistes, mais le constater ne règle pas la question de l’antisémitisme.
Henri Wilno