Tout au long de l'histoire du capitalisme l'exploitation des êtres humains est allée de pair avec la destruction de l'environnement, l'appropriation et le pillage des ressources naturelles. Depuis les « enclosures »-appropriations des communs sans lesquelles il n'aurait pas pu se développer-, l'appauvrissement de celles et ceux qui sont condamnés à vendre leur force de travail, l'accumulation d'argent par une minorité et la transformation des ressources naturelles en marchandises marchent ensemble. La double dissociation travail/habitat et production/reproduction relègue l’entretien et la réparation de la force de travail dans la sphère privée reposant essentiellement sur les femmes. En ce sens le capital épuise touTEs celles et ceux qui font le travail y compris invisible dans le cadre du foyer !
La Révolution industrielle marque l'entrée dans la crise écologique moderne. L'exploitation des ouvrierEs dans les fabriques et dans les mines les dépossédant de tout leur savoir-faire artisanal ou paysan, dans des conditions épouvantables, ruineuses pour la vie et la santé dans les lieux de travail mais aussi en dehors : pollution des eaux, du sol, de l’atmosphère, de l'air... Elle marque aussi le début de l'augmentation des émissions de gaz carbonique. Dans les pays coloniaux c'est l'explosion des monocultures d'exportation -hévéa, coton, café, thé...- au détriment des cultures vivrières .
La deuxième Révolution industrielle, avec le pétrole et l'électricité amplifiera et approfondira ce phénomène. Mais les mal-nommées « trente glorieuses » constituent le moment où tous les aspects de la dégradation écologique s'emballent. Consommation de masse, omniprésence de l'automobile , pétrochimie, agriculture industrielle, le nucléaire civil et militaire... sont indissociables de la domination impérialiste utilisant les pays dominés à la fois comme réservoir de matières premières à bon marché et comme décharge pour les déchets dangereux.
Si le capitalisme « glorieux » est destructeur, le capitalisme en crise l'est tout autant, voire plus. Ses « réponses » néolibérales sont encore plus dévastatrices : privatisation/destruction du secteur public, mise en concurrence des salariéEs et des systèmes sociaux, vague d'appropriation des ressources (eau, génome, semences, terres), obsolescence accélérée des produits, explosion des transports avec le juste-à-temps et la mondialisation/délocalisation de la production vers les pays de la périphérie, consommation de luxe pour les riches... Les pays dominés subissent la double peine. Terrain privilégié de la mise en œuvre des cultures OGM à grande échelle et de grands projets extractivistes destructeurs, ils sont aussi les premières victimes du réchauffement climatique.
Dans la phase ouverte par la crise des subprimes la soi-disant « économie verte », au nom de la lutte contre le changement climatique, cherche à présenter le nucléaire, les agrocarburants, la capture-séquestration du carbone baptisé « charbon propre » comme des solutions pour réduire les émissions de gaz à effet de serre, à privatiser encore plus les ressources naturelles afin que tous les « services de la nature » deviennent des marchandises au nom d'une « bonne approche économique » qui prétend qu'il faut marchandiser pour protéger. Enfin les apprentis sorciers promeuvent la géo-ingénierie pour manipuler le climat. Dans tous les cas il s'agit d'augmenter la puissance et les domaines de la domination des grands groupes capitalistes et d'accentuer encore la politique néolibérale contre les salariés, les petits paysans et les peuples indigènes et en leur sein tout particulièrement les femmes.
Pas de capitalisme sans productivisme.
La concurrence pour le profit qui est au cœur du capitalisme porte en elle le productivisme. Les capitalistes cherchent en permanence à augmenter la productivité du travail . La masse de marchandises jetées sur le marché -donc la quantité de ressources naturelles consommées- est sans cesse croissante. Il faut constamment créer des débouchés et des besoins, de plus en plus artificiels. « Produire pour produire » implique « consommer pour consommer ».
Ce productivisme est sans limite car produisant des marchandises -valeurs d'échange- dont le seul but est d'être vendues pour réaliser le profit, qui servira à nouveau à produire des marchandises qui seront vendues... dans une circulation d'argent qui est sans rapport avec la satisfaction des besoins humains -valeurs d'usage-. Pour cela il gaspille sans limite le travail et les ressources du sol et du sous-sol, et porte des atteintes toujours plus graves aux écosystèmes et à la biosphère. Il le fait sans limites à l'échelle de la planète.
La crise climatique donne une urgence nouvelle à la rupture avec le mode de production et de consommation capitaliste. Le lien indissoluble entre l'exploitation de la force de travail et le pillage des ressources naturelles détermine la stratégie à déployer pour une issue qui doit être indissociablement sociale et écologique donc écosocialiste.
Christine Poupin