Dans les années 1950, le PCF est de loin le principal parti ouvrier et même le principal parti populaire...
Ainsi il exerce une influence non négligeable dans la paysannerie de certaines régions. Son influence est aussi très forte chez les intellectuels. Le parti est à la tête de nombreuses mairies et est doublé par un réseau d’organisations périphériques. Enfin, il hégémonise la CGT.
La mise à l’écart
Les communistes n’ont pas renoncé à tout rapprochement avec les socialistes. S’ils ne cessent de dénoncer l’impérialisme américain, leur anticolonialisme est sujet à variations, notamment pour ce qui concerne l’Algérie. En mars 1956, ils votent ainsi les pouvoirs spéciaux qui permettent au gouvernement socialiste de Guy Mollet d’envoyer les soldats du contingent en Algérie.
Le retour de De Gaulle au pouvoir en 1958 et l’instauration de la Ve République écartent encore plus le PCF de la politique institutionnelle. Pour essayer de la réintégrer, ils décident aux élections présidentielles de 1965 de soutenir dès le premier tour un politicien de la IVe République, François Mitterrand...
En 1968, le poids du PCF dans la classe ouvrière et son contrôle de la CGT lui permettront d’orienter le mouvement sur un terrain revendicatif avec les accords de Grenelle.
Mais 1968 a rebattu les cartes, Mitterrand va s’atteler à reconstruire un Parti socialiste renouvelé et affirme son accord avec les propositions d’union de la gauche faites par le PCF. Un « programme commun » est signé en 1972, qui devient alors la référence incessante du PCF (et de la CGT) face à une extrême gauche qui en dénonce les limites et les illusions. Mitterrand veut se hisser au pouvoir sur les épaules des communistes... et réduire leur influence.
Vers l’union de la gauche
La direction du PCF avait cru qu’un accord programmatique avec le PS le conduirait au pouvoir et qu’une partie de l’électorat socialiste basculerait en faveur du PCF. Or c’est le calcul de Mitterrand qui se vérifia : dès 1975, les élections locales montrent que le PS passe devant le PCF. En ne formulant aucune critique publique du PS, le PCF a permis l’amalgame des deux partis dans un ensemble flou et idéalisé : l’union de la gauche sur le programme commun, en payant le prix électoral. La direction du PCF (incarnée par Georges Marchais) va donc faire un virage : elle multiplie les exigences envers le PS et rompt de fait avec lui en 1977. Mais son attitude est perçue comme sectaire, et Georges Marchais n’obtiendra « que » 15,3 % des voix aux présidentielles de 1981.
Le PCF entre au gouvernement formé après la victoire de Mitterrand et y restera malgré le tournant vers l’austérité, d’abord en juin 1982 puis surtout en mars 1983. Il ne cesse de reculer aux différentes élections. En juillet 1984, le PCF décide finalement de quitter le gouvernement. Malgré cela, le recul électoral se poursuit : le parti obtient désormais un score national de moins de 10 % quelle que soit l’élection. Si la fidélité à l’URSS perdure, le parti adopte désormais une ligne eurocommuniste.
L’inexorable recul
En 1994, Georges Marchais passe la main : la ligne ultérieure (jusqu’à nos jours) va subir ensuite diverses oscillations, toutes inspirées pour l’essentiel par le désir de préserver l’influence électorale du parti. Robert Hue, devenu secrétaire général, accentue la « rénovation », obtient quelques gains électoraux et, après les législatives de 1997, le PCF entre au gouvernement de Lionel Jospin. C’est la « gauche plurielle ». Au gouvernement, les ministres communistes vont accompagner la politique de privatisations et d’inscription dans la construction néo-libérale de l’Union européenne.
La chute du mur de Berlin et la fin de l’URSS vont accentuer la perte de repères tandis que les élections de 2002 voient une débâcle sans précédent : avec 3,4 % des voix aux présidentielles, Robert Hue vient derrière Arlette Laguiller et Olivier Besancenot. Robert Hue est remplacé par Marie-Georges Buffet à la tête d’un parti de plus en plus divisé et en recul, tant dans ses bastions territoriaux (la « banlieue rouge ») que dans les entreprises. Malgré tout, le PCF conserve le potentiel militant de loin le plus important à la gauche du PS.
Henri Wilno