Publié le Samedi 4 février 2012 à 12h34.

Égypte une période « extrêmement dangereuse » pour la révolution

Résumé d'un texte publié fin décembre 2011 par le groupe égyptien des Socialistes révolutionnaires, et disponiblesur le site ESSF.

L'offensive du pouvoir militaire

Au cours des derniers mois, la contre-révolution a multiplié ses agressions : attisement de tensions confessionnelles, attaque de manifestations, arrestation de militantEs, campagnes contre les forces révolutionnaires et les grèves, etc.

Néanmoins, une attaque généralisée « risquerait de provoquer une division au sein de l’armée [...] et peut-être même la chute du Conseil militaire lui-même ».

La séquence électorale

Même si les islamistes y sont majoritaires, le Conseil militaire a donc besoin du Parlement comme « intermédiaire disposant d’une forte légitimité face à la rue égyptienne. Cet intermédiaire doit être capable d’absorber la colère des masses au travers de promesses de réformes et de changements ».

« Les militaires défendent également leurs propres intérêts économiques : ils contrôlent en effet environ 30 % de l’économie nationale, notamment dans l’agriculture, l’industrie et des hôtels. »

Pour les Socialistes révolutionnaires, « un consensus va émerger » entre les militaires, « certaines forces libérales, [...] les Frères musulmans et les salafistes. Une façon d’assurer que toutes ces forces recevront une tranche du gâteau ».

Le rôle des islamistes

Même s'ils furent opposés à l’ancien régime, les Frères musulmans, « souhaitent mettre fin à la révolution en utilisant le Parlement ».

Dans ce cadre, « ils sont ouverts aux négociations, aux manœuvres et prêts à offrir des compromis de sorte que l’Occident reçoive une suite de messages réconfortants ».

Comme les libéraux, les forces islamistes « flirtent [...] avec le pouvoir militaire et les vestiges de l’ancien régime, faisant des promesses sur leur capacité à maîtriser et à mettre fin politiquement au mouvement de masse ». Simultanément, elles cherchent à faire croire que « les revendications pourront être satisfaites au moyen de l’instrument parlementaire traditionnel ».

Mais « il est bien connu que les dirigeants de la Confrérie ont d’énormes investissements économiques ». « Ils se sont brutalement opposés aux grèves des salariéEs » et « ne se sont engagés dans aucune des batailles au sujet des droits sociaux, des salaires, du chômage ou contre la liquidation de l’économie nationale par le programme de privatisations. Enfin, ils affirment un soutien total aux politiques favorables au libre marché dans les messages réconfortants qu’ils adressent, à l’Occident et aux états du Golfe ».

Le mouvement des masses

Les mobilisations sociales « ont atteint un niveau sans précédent en septembre et octobre ». Mais la gravité de la situation économique a « un rôle contradictoire » : elle pousse « certaines fractions des masses à protester, occuper et faire grève ; et, simultanément, elle conduit d’autres fractions de ces dernières dans les bras de la contre-révolution et de sa propagande qui instrumentalise l’idée selon laquelle c’est la révolution qui est la cause du chaos et de la crise économique ».

Le document fait un état des forces susceptibles de se mobiliser :

1) Jeunes des bidonvilles, marginalisés, chômeurs, supporteurs de clubs de football, etc. Malheureusement, « ils ne sont pas arrivés à formuler des revendications sociales, ni même à se solidariser avec les manifestations des travailleuses et travailleurs telles que les grèves des travailleurs des transports publics ou des enseignantEs ».

2) Secteurs clés de la classe ouvrière, qui malheureusement « se tiennent à distance d’une participation organisée aux manifestations et rassemblements répétés contre le régime militaire ».

3) Différents groupes révolutionnaires qui « ont été en mesure de gagner des centaines de nouveaux membres [...] mais demeurent, toutefois, relativement marginaux sur la scène politique, incapables de prendre des initiatives pouvant rassembler des forces plus larges, cela en dépit de leur participation dans la direction des rassemblements de novembre, ainsi que de leur soutien aux grèves et sit-in des salariés ».

Construire une alternative

« La question qui se pose désormais est la suivante : comment les groupes révolutionnaires peuvent-ils réussir à élaborer un programme social transformant le slogan de justice sociale adopté par la révolution – et qui le distingue des libéraux et des islamistes – en des propositions concrètes et pratiques qui lient les questions touchant aux salaires, à la hausse des prix, au droit au logement, à l’accès aux soins, à l’éducation et à l’emploi avec la concrétisation d’un tel programme par un gouvernement révolutionnaire porté au pouvoir ».

Pour y parvenir, les SR proposent, outre le renforcement de leur propre courant politique, la construction d'un « front révolutionnaire ».