Depuis le référendum du 1er octobre, la situation en Catalogne est à la « Une » de l’actualité. Nous avons essayé, dans nos colonnes, de suivre l’évolution de la situation et les étapes successives de la crise des institutions de l’État espagnol : répression brutale lors du scrutin, vraie-fausse déclaration d’indépendance, généralisation de la politique de la matraque avec le recours à l’article 155 de la Constitution, arrestations, condamnations et fuites des dirigeants indépendantistes…
Nous nous sommes aussi fait l’écho des discussions qui traversent la gauche radicale en Catalogne et, au-delà, dans tout le pays, en donnant régulièrement la parole à nos camarades d’Anticapitalistes, branche catalane d’Anticapitalistas, section de la IVe Internationale dans l’État espagnol. Des discussions concrètes, liées à des choix concrets dans une situation instable et mouvante, qui connaîtra un nouveau « temps fort » avec les élections du 21 décembre.
La situation en Catalogne pose aussi un certain nombre de questions aux organisations du mouvement ouvrier en France, et suscite des débats entre elles, et en leur sein. Le NPA n’y échappe pas, c’est pourquoi nous avons décidé de consacrer une double page à l’exposition de divers points de vue qui, s’ils ne sont pas nécessairement contradictoires, expriment des nuances dont l’expression contribuera, espérons-le, à préciser et enrichir le débat.
La solidarité avec la lutte du peuple catalan, une nécessité politique
La mobilisation populaire catalane contre l’État central espagnol est légitime et, pour le NPA, un élément extrêmement important de la situation politique. Elle pourrait déstabiliser un État capitaliste clé dans l’Union européenne et encourager notre camp social.
Le NPA a donc toujours affirmé sa solidarité pleine et entière avec le peuple catalan en lutte pour son droit à l’autodétermination. Il dénonce le gouvernement Rajoy et ceux qui, en France et en Europe, le soutiennent. Manifestement cette position ne va guère de soi dans le mouvement ouvrier, et même à l’extrême gauche !
L’autodétermination, un combat juste
Notre positionnement s’appuie sur des principes politiques fondamentaux, dans une situation concrète. Faire gagner le peuple catalan participe à l’amélioration du rapport de forces pour les classes populaires et pour mettre en grande difficulté les classes dominantes.
La question nationale combine des éléments d’histoire, de culture, de rapports de domination et d’opportunité politique. Nous faisons la différence entre des mobilisations réactionnaires, que nous combattons, et celles qui reposent sur des aspirations démocratiques et sociales. La (re)montée du sentiment indépendantiste en Catalogne contre la monarchie réactionnaire et corrompue se fait à l’inverse de la logique d’extrême droite de la Ligue du Nord ou du Vlaams Belang.
Un conflit de classe à l’intérieur du mouvement
Des contradictions existent au sein d’un phénomène combinant l’action de politiciens bourgeois, de secteurs petits-bourgeois et populaires réinvestissant les dynamiques des Indignés. Nous devons comprendre la dynamique et comment l’approfondir.
Le parti indépendantiste bourgeois de Puigdemont, au pouvoir, a constamment tenté de limiter le processus, mais il a souvent dû aller plus loin qu’il ne le voulait sous la pression de la mobilisation populaire et des CUP (Candidatures d’unité populaire). La grande bourgeoisie catalane est ralliée à un État espagnol aux résurgences franquistes, qui lui promet une plus grande stabilité et la répression contre le mouvement ouvrier.
D’un autre côté, l’auto-organisation reste insuffisante face aux enjeux, et une partie de la classe ouvrière se sent peu concernée par le projet indépendantiste actuel.
Le chemin de la révolution permanente
La bourgeoisie catalane, comme les partis de la petite-bourgeoisie, ne peut faire aboutir le processus, car elle est trop liée au fonctionnement du système. L’intervention des anticapitalistes et des révolutionnaires combine donc plusieurs points :
– Reconnaître le référendum du 1er octobre qui institue la République.
– Encourager tout ce qui permet une jonction avec le reste du prolétariat de l’État espagnol pour abattre le régime monarchique et les politiques capitalistes.
– Construire la mobilisation par en bas, dans les classes populaires, pour un processus constituant, ce que font nos camarades d’Anticapitalistes dans les Comités de défense de la République.
– Pousser les revendications sociales et de rupture : réquisition des banques et des grandes entreprises qui délocalisent leur siège à Madrid, plan massif pour le logement et les énergies renouvelables, expulsion de la police d’État et remise en cause de la police régionale (Mossos), une citoyenneté catalane pour touTEs les habitantEs quelle que soit leur origine.
Nos camarades d’Anticapitalistes, qui interviennent dans Podemos/Podem depuis sa fondation, partagent cette problématique. Les CUP ont rompu récemment avec le gouvernement de Puigdemont. On peut discuter tactique avec ces militantEs, mais notre tâche, en France, est avant tout de « balayer devant notre porte », de construire un front unitaire démocratique qui s’oppose à la monarchie des Bourbon, à Rajoy, à Macron et à l’Union européenne, pour demander la libération des prisonniers politiques, le rejet de l’article d’exception 155, et qu’ils mettent bas les pattes devant la Catalogne.
Antoine Larrache, Christian Babel et Olivier Besancenot
Pour une république socialiste catalane !
Malgré la répression de Madrid, une vaste mobilisation populaire a réussi à imposer la tenue du référendum d’autodétermination du 1er octobre. Avec une participation officielle de 42 % et plus de 90 % pour le oui, le référendum a donné une légitimité au lancement d’un processus constituant d’une république catalane. Mais les deux principaux partis bourgeois indépendantistes (PDeCAT et ERC) ont cherché à utiliser les résultats du référendum pour négocier une autonomie accrue avec Madrid. Face au refus de Rajoy, ils ont déclaré symboliquement l’indépendance sans même essayer de la concrétiser. Quand la Catalogne a été mise sous tutelle, ils n’ont pris aucune initiative pour mobiliser la population et résister. Et pour les élections du 21 décembre convoquées par Rajoy, ils ont prévenu qu’ils ne prendraient aucune décision unilatérale !
La bourgeoisie ne veut pas de l’indépendance
Comment comprendre cette trahison ? Par le fait que la bourgeoisie ne veut pas de l’indépendance. Les bourgeois peuvent se dire « catalanistes » quand la mer est calme, mais ils retrouvent vite leur « hispanité » lorsque souffle le vent de la tempête. La rupture avec Rajoy n’est pas bonne pour leurs profits. Il faut aussi rappeler que le mouvement indépendantiste n’est pas un « nationalisme de riches », porté par des forces ultra-réactionnaires, comme en Flandre ou en Lombardie. L’aspiration à l’indépendance est liée à la volonté de rompre avec la monarchie et d’instaurer une république plus accueillante pour les migrantEs et plus avancée sur le plan social.
La gauche réformiste (Podemos, Catalogne en commun de la maire de Barcelone) défend abstraitement le « droit à l’autodétermination », mais dans la pratique elle le subordonne au bon vouloir du gouvernement central ! Toute solution non négociée avec Madrid ne serait pas légitime, et c’est pourquoi ils n’ont pas reconnu la légitimité du référendum et de la déclaration d’indépendance. Et ils n’ont rien fait pour mobiliser les travailleurs de l’État espagnol contre le putsch et la répression.
Alors que la bourgeoisie soi-disant indépendantiste est incapable de mener le combat pour la république catalane, les révolutionnaires doivent se faire les défenseurs conséquents de cette aspiration, qui a été tranchée par le référendum. On ne peut à cet égard que déplorer que la IVe Internationale (ex SU) n’ait pas fait la moindre critique à la direction indépendantiste bourgeoise. Il faut s’appuyer sur les « comités de défense de la république » (CDR) pour chercher à donner un contenu de classe à la future république. Alors que les patrons n’ont pas hésité à faire du chantage à la délocalisation, il faut poser la question du contrôle des entreprises par les travailleurs, de la nationalisation des secteurs clés de l’économie, de l’émission d’une nouvelle monnaie sous le contrôle des structures d’auto-organisation. Précisons ici que ce n’est pas en méprisant le sentiment national catalan, mais en l’articulant avec les revendications sociales, qu’on pourra construire une mobilisation de masse qui ouvrira une brèche dans l’ordre bourgeois européen.
Les responsabilité de la CUP
Dans le processus en cours, nos camarades de la CUP, regroupement indépendantiste et anticapitaliste qui a une influence de masse, ont de grandes responsabilités. Leur projet indépendantiste est basé sur la démocratie directe d’assemblées locales qui se coordonneraient. Ils défendent le socialisme, la planification, la nationalisation des secteurs clés de l’économie, la rupture avec l’UE. L’indépendance n’est pas présentée comme une fin en soi, mais comme un moyen pour construire le socialisme. Ils jouent un rôle important dans les CDR. Ils ont décidé d’aller aux élections du 21 décembre, indépendamment des partis indépendantistes bourgeois, en se présentant comme la liste des gens qui ont défendu les écoles et porté la grève générale. Il est facile, vu de France, de considérer comme une trahison la participation aux élection du 21 décembre. C’est une question complexe, et cette participation semble correspondre aux aspirations des masses.
Gaston Lefranc
Défendre le droit à l’autodétermination, mener une politique d’indépendance de classe pour que notre camp dispute la direction du processus
«Pour autant que la bourgeoisie d’une nation opprimée lutte contre la nation qui opprime, nous sommes toujours pour, en tout état de cause et plus résolument que quiconque, car nous sommes l’ennemi le plus hardi et le plus conséquent de l’oppression. Pour autant que la bourgeoisie de la nation opprimée est pour son propre nationalisme bourgeois, nous sommes contre. Lutte contre les privilèges et les violences de la nation qui opprime ; aucune tolérance pour la recherche de privilège de la part de la nation opprimée ».
Lénine, Du droit des nations à disposer d’elles-mêmes
À moins de ne pas avoir vu l’ampleur du soutien au référendum du 1er octobre en Catalogne, personne ne peut nier l’existence du peuple catalan et sa volonté d’indépendance. Nous ne pouvons détourner la tête, lorsqu’on matraque des hommes et des femmes qui veulent pouvoir décider. Nous défendons bien sûr de manière inconditionnelle ce droit démocratique : « cette liberté de séparation ».
Mais défendre inconditionnellement ce droit implique tout autant de défendre inconditionnellement une politique d’indépendance de classe. C’est d’autant plus important qu’en Catalogne le processus est dirigé par une frange de la bourgeoisie et de la petite-bourgeoisie. Pour autant, il serait erroné de nier son caractère populaire et de classe : 80 % de la population de Catalogne est pour le droit de décider. Lorsqu’on atteint ces proportions, il est difficile de dire que la classe ouvrière est en dehors du processus. Quoi qu’il en soit, il y a des manifestations de soutien très claires du mouvement ouvrier : les dockers de Barcelone se sont opposés à l’arrivée de la Guardia Civil dans le port de Barcelone. Des centaines d’enseignantEs ont occupé leurs établissements afin d’accueillir les bureaux de vote pour la consultation sur l’indépendance. Les travailleurEs de la chaîne catalane TV3 ont battu en brèche, par leurs mobilisations, l’application de l’article 155 qui impliquait la mise sous tutelle de leurs conseils de rédaction à Madrid. Sans oublier les tentatives de grève générale des 3 octobre et 8 novembre.
Une politique d’indépendance de classe : voilà notre boussole. Mais ce n’est pas ce qu’ont défendu nos porte-parole et encore moins Anticapitalistas. Sans que ce soit tranché au comité exécutif du parti, trois de nos porte-parole ont signé une tribune sur Mediapart qui, en plus de surestimer la situation en parlant de « révolution démocratique » et d’« ouverture de processus constituants sur la base de l’action des peuples dans tout l’État espagnol », ne marque pas la moindre distance vis-à-vis du gouvernement catalan qui n’est pas en reste dans les politiques d’austérité. Pour Anticapitalistas, sa politique ne cesse d’osciller entre différents écueils, en commençant par une politique qui ne se différencie pas de la bourgeoisie qui dirige le processus, pour finir par voter le 21 décembre prochain pour « Catalunya en comu » regroupement de « Podem » et de la maire de Barcelone qui défend un droit à l’autodétermination virtuel car devant être négocié et acté, selon eux, avec Madrid.
Pourtant avec leurs députés, ces camarades ont les moyens de s’adresser largement autour d’eux pour que la lutte pour l’émancipation nationale renforce la lutte pour l’émancipation sociale. Ils pourraient donner un contenu de classe à la revendication de république catalane, dans le sens d’un gouvernement des travailleurEs. Par exemple, une mesure comme la réquisition des banques sous contrôle du monde du travail pourrait être reprise, et cela d’autant plus que les sièges sociaux des principales banques catalanes sont partis pour Madrid. Proposer l’application de ces mesures pour l’ensemble de l’État espagnol, favoriser toutes les formes d’auto-activité et défendre les moyens d’imposer ces mesures par la grève générale : voilà une politique qui s’émanciperait de la bourgeoisie catalane et de Madrid et qui pourrait unifier notre classe.
Anticapitalisme et Révolution
Question catalane et politique révolutionnaire
La question catalane constitue un test pour les révolutionnaires et suscite des débats à l’intérieur même du NPA, concernant la question du droit à l’autodétermination, mais aussi de l’indépendance de classe et le rôle des révolutionnaires dans le processus.
Droit à l’autodétermination mais…
D’un côté, certains camarades, tout en affirmant défendre le droit à l’autodétermination, mettent l’accent sur le caractère de classe hétérogène du mouvement et débouchent sur une logique qui conditionne le droit à l’autodétermination au fait que ce soit la classe ouvrière qui soit au centre.
Une position qui sous-estime comment, aujourd’hui, la question catalane remet en cause, structurellement, le pacte constitutionnel de 1978 qui a permis à la monarchie de survivre et grâce auquel le bipartisme PSOE-PP a assuré la domination du capital impérialiste espagnol sur le monde du travail dans tout le pays en mettant un coup d’arrêt à la poussée conflictuelle qui avait caractérisé les années 1970.
Il s’agit également d’une incompréhension profonde, liée à une certaine tradition trotskiste, de la question démocratique et de la question nationale qui ne voit, au mieux, qu’un leurre-à-prolos, dans le pire des cas un piège-à-cons. À l’opposé de cette conception, Trotski, dans un courrier adressé à ses partisans dans l’État espagnol en 1931, disait :
« Où est le danger des illusions nationales petites-bourgeoises ? En ceci qu’elles peuvent diviser le prolétariat d’Espagne en secteurs nationaux. Le danger est très sérieux. Les communistes espagnols peuvent le combattre avec succès, mais d’une seule manière : en dénonçant implacablement les violences commises par la bourgeoisie de la nation suzeraine et en gagnant ainsi la confiance du prolétariat des nationalités opprimées. Toute autre politique reviendrait à soutenir le nationalisme réactionnaire de la bourgeoisie impérialiste qui est maîtresse du pays, contre le nationalisme révolutionnaire-démocratique de la petite-bourgeoisie d’une nation opprimée ».
Les dangers du manque d’indépendance politique et de classe
En face, les camarades liés à la majorité de la IVe Internationale (Secrétariat unifié), qui, là aussi en suivant une certaine tradition historique, voient les potentialités ouvertes dans la situation mais ont une forte tendance à la dissolution au sein du mouvement et au refus de critiquer ses directions.
Ainsi, un appel international publié sur Mediapart début octobre et signé par nos porte-paroles parlait d’une « révolution démocratique » qui aurait commencé en Catalogne, sans à aucun moment exprimer la moindre délimitation à l’égard de sa direction bourgeoise. Or, l’essentiel de l’intervention des révolutionnaires dans le mouvement devrait être de combattre les illusions sur cette direction qui allait forcément capituler pour pousser à l’action indépendante des travailleurEs.
À la question de l’indépendance de classe s’ajoute celle de l’indépendance politique. Sur ce plan les militantEs du courant Anticapitalistas, lié à la majorité de la IVe Internationale (SU) se trouvent traversés par la contradiction de leur appartenance à Podemos, dont la direction est ouvertement hostile au mouvement indépendantiste. Ce qui les amène concrètement, après s’être en partie dissous dans le mouvement indépendantiste, à se présenter a priori lors des élections du 21 décembre sur une liste ouvertement hostile à ce même mouvement…
Action indépendante des travailleurs pour une république catalane socialiste
Face à ces deux positions symétriquement erronées, les révolutionnaires doivent se battre à l’intérieur du mouvement indépendantiste pour une intervention indépendante du mouvement ouvrier, et dire haut et fort que la république catalane ne sera possible qu’en tant que république des travailleurs et du peuple, socialiste, dans une lutte commune avec les travailleurEs de tout l’État espagnol contre l’espèce de « nouvelle restauration bourbonienne » en cours et le régime de 1978 et dans le cadre d’une fédération socialiste ibérique.
Daniela Cobet
Droit à l’autodétermination, nationalisme et indépendance de classe
Il est fréquent de réduire l’internationalisme à la solidarité. Oui, nous sommes solidaires face à la répression, au diktat de l’État espagnol, nous défendons le droit à l’autodétermination. Mais le débat est de savoir si on milite pour l’indépendance, autrement dit si on s’aligne sur les indépendantistes en reprenant à notre compte leur nationalisme, leur république. Et s’il faut aller en convaincre la majeure partie de la classe ouvrière de Catalogne venue du reste de l’Espagne et d’ailleurs, qui n’y est pas favorable ou pour le moins réticente. À noter que les milieux nationalistes, y compris sa soi-disant extrême gauche, continuent à puiser leurs cadres et leurs forces vives à l’extérieur des grandes villes et des quartiers populaires.
Notre internationalisme est une politique pour la classe ouvrière en toute indépendance des forces nationalistes bourgeoises ou petites-bourgeoises. Ce qui nous importe ce sont les conséquences sur le terrain de la lutte de classe, au sein de la classe ouvrière en Catalogne et dans le reste de l’État espagnol. Une classe ouvrière pour l’essentiel spectatrice, déboussolée, divisée.
Une polarisation qui n’ouvre aucune issue pour la classe ouvrière
Les grandes luttes de 2011 ont été captées, détournées, confisquées, d’abord par Podemos, puis par les nationalistes de tout poil. La politique de Mas et Puidgemont, avec le soutien de l’ERC et de la CUP, a été de reprendre la main en canalisant le mécontentement en sa faveur par une fuite en avant et l’injonction à se rallier aux nationalistes catalans face à Rajoy. Cette polarisation entre nationalistes catalans et nationalistes espagnols est un piège qui fonctionne des deux côtés, en renforçant la partie la plus réactionnaire du Parti populaire au pouvoir, la monarchie devenue la garante de la paix civile aux yeux d’une grande partie de la population espagnole, alors qu’elle était déconsidérée.
La révolution permanente imaginaire
La presque totalité des courants trotskistes, issus du Secrétariat unifié ou non, expriment aujourd’hui une politique suiviste sur le terrain du nationalisme catalan. Pour la majorité des courants révolutionnaires, il faudrait que la classe ouvrière s’empare de la question nationale pour mener jusqu’au bout la lutte pour les droits démocratiques. Et du coup transformer la révolution démocratique (bourgeoise) en révolution socialiste. CQFD… Non seulement il manque justement la mise en mouvement réelle de la classe ouvrière ; et la politique d’un parti ayant une influence réelle sur la classe ouvrière. Mais la politique d’un tel parti se situerait du point de vue de l’ensemble des travailleurs et ne pourrait reprendre le moindre élément de nationalisme même si bien sûr elle reconnaitrait le droit à l’autodétermination.
Sous l’apparence d’une politique indépendante pour la classe ouvrière, il s’agit au mieux d’un soutien très critique et d’apparence radicale et de classe au nationalisme catalan. Une façon de s’aligner en espérant le miracle d’une « transcroissance ». En pensant agir au nom de la solidarité concrète, on ne fait ainsi qu’accompagner la politique des autres.
Changeons de partition
Nous défendons bien évidemment le droit au divorce. Et nous nous opposons à toute répression visant à étouffer l’expression de ce droit démocratique. Mais cela ne nous autorise pas pour autant à nous aligner derrière ceux qui ont cherché depuis le début à provoquer par tous les moyens ce divorce, comme la réponse la plus efficace destinée à canaliser et à détourner une révolte sociale.
Nous militons pour l’indépendance du prolétariat, son unité pour défendre ses droits sociaux et démocratiques dans la perspective d’un pouvoir des travailleurEs garantissant le droit à l’autodétermination dans le cadre d’une Europe des travailleurEs et des peuples.
Florés Albani, Jean-François Cabral, Yvan Lemaitre