La lutte des travailleurs et des forces populaires, la lutte de la gauche, peuvent ouvrir une voie alternative, par une politique de transition vers l’émancipation socialiste. Syriza ne peut pas et ne doit pas être devenir le parti du mémorandum.
La signature de l’accord avec les « institutions », la signature du troisième mémorandum par le gouvernement de Syriza est un fait choquant qui change toutes les données.
L’accord cible les droits sociaux qui ont survécu à la tempête des mémorandums 1 et 2, crée des mécanismes de surveillance, de développement incontrôlé des privatisations et de coupes automatiques dans les dépenses sociales. Cela renvoie à une naïveté enfantine, à l’espoir que ce mémorandum, s’il est voté et accepté, pourrait être modifié pendant son application, qu’il serait possible de lui donner un certain « visage humain ».
L’acceptation de l’accord crée des dangers évidents pour Syriza fondé sur la base d’une opposition manifeste à l’austérité, et qu’aujourd’hui on voudrait transformer en force pour mettre en œuvre un nouveau mémorandum, d’acceptation de l’austérité, au moins, dit-on, pour un certain temps au nom de la survie du... gouvernement de gauche.
Renverser l’austérité grâce aux négociations et au consensus ?
La signature du troisième mémorandum est présentée par la direction de Syriza comme le résultat d’un chantage brutal. Une adhésion au « il n’y a pas d’alternative ».
Des responsabilités critiquables et les mauvais choix sont ainsi atténués, comme l’idée que nous pourrions renverser l’austérité dans le cadre de l’euro, grâce à des négociations et au consensus avec les dirigeants européens. Comme la politique du gouvernement qui a gelé toute transformation du pays, qui s’est engagé à éviter les « actions unilatérales », pour essayer d’apaiser les « institutions » et faciliter un « compromis honorable ». Comme l’accord du 20 février dernier, qui engageait le gouvernement dans une politique suicidaire de paiement des versements de la dette, « entièrement et à temps ».
Sur le fond, se trouvent des appréciations tactiques erronées (par exemple quant au processus d’approfondissement de l’Union européenne), mais aussi des choix stratégiques (comme indique le passage du mot d’ordre « Pas de sacrifice pour l’euro » au respect de la négociation de « L’ euro à tout prix »).
En arrière-plan, se trouvent certaines caractéristiques idéologiques et politiques du centre-gauche européen moderne qui, bien que rejetées à l’unanimité lors du congrès fondateur de Syriza, sont revenues à la surface dans le tourbillon de la confrontation avec les usuriers.
Du Non à la rupture avec l’euro et l’Union européenne
L’accord avec les usuriers est inacceptable. Syriza doit trouver la force de l’empêcher. Il est évident que cela ne peut être possible qu’à travers un soutien décisif du monde du travail, les chômeurs, les pauvres.
Ce monde-là, avec un fier 62 %, a dit Non et se montre disponible pour la voie du changement, du renversement. Le Non est venu en réponse à une vague sans précédent de chantage concernant la menace d’expulsion de l’euro. Et pourtant, les gens ont résisté. Et c’est vraiment mépriser cette résistance que de suggérer que le Non ne constituait pas un mandat de rupture. Et bien plus encore, la conversion soudaine au Oui, la convergence du Conseil national unitaire des dirigeants politiques, et l’apparition de la signature Syriza-ND-Pasok-Potami. Le spectre politique qui, au final, a voté l’accord, violant toute la géométrie politique du référendum, mais aussi des dernières années.
Il est évident que le changement politique nécessaire contre le troisième mémorandum doit compter sur le monde du Non, sur les comités du Non qui doivent se mettre en place partout.
De ce cycle tragique de négociations, nous devons tirer des conclusions politiques. À travers la lutte contre l’austérité, doit se construire la force qui peut être victorieuse. Aujourd’hui, cela inclut évidemment la rupture avec l’euro et l’Union européenne, sous la direction du mouvement ouvrier et de la gauche.
Il s’agit d’une politique radicalement différente des menaces brandies par Schäuble : le Grexit comme exclusion temporaire, l’austérité profonde comme condition pour la consolidation du capitalisme grec, la réintégration dans l’euro après le « traitement ». Au lieu de cela, la gauche doit intégrer son propre projet pour un affrontement avec la zone euro, dans un projet anti-austerité, une politique anticapitaliste, la transition vers une perspective socialiste.
Contre la démobilisation, la lutte contre l’accord
De cette période, le parti Syriza sort profondément blessé. Son fonctionnement collectif et démocratique, tel que exigé par le texte des 109 membres du Comité central, est un préalable à toute reconstruction.
Dans ce cadre, il faut lutter contre le phénomène de la démobilisation-frustration de nombreux membres. Le peuple de Syriza n’a pas encore dit son dernier mot !
Dans ce cadre, il faut répondre immédiatement à la vague de menaces et de calomnies contre les cadres de Syriza et les voix qui défendent le Non.
Une partie de Syriza espère trouver une issue dans les élections, après avoir « lancé » le troisième mémorandum. C’est une illusion tragique.
Pour Syriza, le seul débouché est le rejet de l’accord, la lutte pour son renversement. Ensemble avec le peuple, dans les luttes, dans la vie, dans les conflits politiques, comme durant les dix années qui viennent de s’écouler…
Déclaration de l'assemblée du Réseau Rouge des 18 et 19 juillet (extraits)
Intertitres de la rédaction