Le collectif D’ores et déjà propose une pièce dynamique sur l’épisode historique de la Terreur. La troupe est en tournée jusqu’au mois d’avril.Notre Terreur, création du collectif D’ores et déjà, mise en scène par Sylvain Creuzevault, n’est pas seulement une pièce sur la Révolution française − et il ne s’en représente déjà pas tant que cela − mais c’est aussi un moment sympathique de théâtre où passe le souffle d’un débat politique vivant. La pièce porte sur un des moments les plus terribles de la Révolution, les six mois de 1794 où la dictature de salut public a été exercée au nom de la Convention nationale par le Comité de salut public, composé en pratique de neuf membres, entre l’exécution de Danton et celle de Robespierre. L’idée forte du spectacle est de jouer sur le huis clos entre ces neuf, occasionnellement rejoints par le fantôme de Danton. Le point de départ, d’après l’intéressant texte politique du metteur en scène distribué aux spectateurs, était de reconstituer « une question qui regarde Robespierre », qui se dresse « seul contre tous », et de retrouver ainsi « la possibilité de penser la violence en tant qu’elle est une expérience de la vie ». Á partir de là, les réalités de la création collective, entre membres de la troupe et metteur en scène, tous à-peu-près de la même jeunesse que leurs personnages, ont abouti à une pièce qui laisse ouverte une multiplicité d’approches de la Terreur et qui est surtout formidablement tonique. La confrontation entre les neuf personnages bien réels qui s’essaient à résoudre une série de questions concrètes, en gros celles de l’époque, sonne juste. Elle fait invinciblement penser à d’autres huis clos, ceux de jeunes directions politiques ou syndicales en pleine crise, traversées de sympathies et de déchirements. Donc une réflexion très au présent sur la formation d’un collectif agissant et sur le pouvoir partagé, très utile au NPA. Bien entendu, la jeunesse de la troupe entraîne aussi des maladresses : il y a trop de peinture blanche ou rouge qui coule sur scène et on sent que le traitement de Robespierre n’en finit pas d’avoir été discuté et rediscuté mais le résultat, c’est de sortir le sujet de la naphtaline du prêt-à-penser et de le présenter de façon compréhensible. La pièce, représentée depuis septembre 2009, d’abord largement basée sur une série d’improvisations, a dû acquérir, le succès aidant, une certaine stabilité mais ses représentations conservaient, fin septembre, une fraîcheur et une force de jeu que je vous souhaite de retrouver ! Serge Aberdam
Dates : Théâtre Garonne Toulouse, 19-23 octobre ; La comédie, Clermont Ferrand 4-9 novembre ; Bonlieu, Annecy, 16-19 novembre ; Nogent-sur-Marne, 25-26 novembre ; Villefranche-sur-Saône, 30 novembre-2 décembre ; Alès, 7-10 décembre ; La Criée, Marseille, 14-18 décembre ; TNBA, Bordeaux, 4-11 janvier ; Tulle, 13-15 janvier ; Vélizy, 20-22 janvier ; Creil, 26-29 janvier ; Liège, 2-3 février ; Maubeuge, 7-8 février ; Lille, 9-17 ; Montpellier, 21-22 février ; Béziers, 24-25 février ; Cergy-Pontoise, 2-4 mars ; Grenoble, 29 mars-2 avril ; Villejuif, 7-8 avril ; Aubusson, 14-15 avril ; Valence, 22-23 avril.