Publié le Mercredi 13 octobre 2021 à 14h15.

2024 : les jeux Olympiques n’ont pas eu lieu, de Marc Perelman

Éditions du Détour, 192 pages, 18 euros.

Malheureusement, les JO de Paris devraient avoir lieu. Mais avec ce titre provocateur, Marc Perelman, enseignant-chercheur à Nanterre et « spécialiste » du sport, défend l’idée que ces JO n’auraient jamais dû être organisés, ni là ni ailleurs, ni ceux-là ni les autres avant ou après. L’auteur est clairement anti-JO. Ça tombe bien, au NPA, nous aussi. 

Le CIO, une multinationale

Dans ce livre, l’auteur liste les (nombreuses) raisons légitimant le refus de cet évènement sportif qui, en fait, est surtout financier et politique, à l’image du monde capitaliste. Et puis, dans le fond, il y a cette critique profonde du sport de compétition, élitiste, qui met en concurrence athlètes et nations, avec la course aux médailles, à l’opposé des affirmations hypocrites et bien loin des valeurs de solidarité et de coopération entre les peuples.

Ça commence par les conditions de nomination de Paris pour ces JO de 2024, c’était en septembre 2017. Un vote unanime du CIO (Comité international olympique), un « simulacre », un truc joué d’avance, résultat sans doute de tractations, arrangements entre gouvernants et dirigeants de l’olympisme. Et puis, ce sont tous les discours lénifiants, véritable propagande, comme une grosse machinerie qui ne laisse surtout pas la place aux opposantEs. Les pouvoirs en place font comme si tout le monde voulait ou aimait les JO, comme si les JO aimaient tout le monde, comme s’ils favorisaient l’amitié entre les peuples et adoucissaient les mœurs.

Perelman cite la « charte olympique », ses vraies-fausses valeurs humaines et sociales. Le CIO est en fait une multinationale qui fait de la politique et surtout des affaires, ce qui va bien ensemble. Ce qui est incroyable (mais vrai) ce sont les règles dictées par le CIO, qui fait sa loi, impose ses volontés pendant toute la durée des Jeux, où qu’ils aient lieu. Les bénéfices vont au CIO et à ses partenaires (quelques grosses multinationales) et certainement pas aux populations. 

Gaspillage d’argent public

Les Jeux profitent à quelques-uns et coûtent aux collectivités, aux populations. Économiquement, socialement, écologiquement, les retombées sont ultra-négatives. Tous les JO ont vu les quartiers populaires se faire dégager, les déficits et dettes des villes exploser, et si des emplois sont créés c’est provisoirement et mal payés. Au total, les JO se traduisent par un énorme gaspillage d’argent public, des bâtiments inutilisés, des structures surdimensionnés.

À la fin, l’auteur prend le temps de s’attaquer à Pierre de Coubertin, cet inventeur des JO des temps modernes, à la pensée raciste, colonialiste, misogyne, militariste, bref : « Il est inacceptable aujourd’hui de se réclamer de lui ou d’inciter les enfants à le faire ».

Ce livre, comme par ailleurs tout un travail (articles, videos…) fait par des associations opposantes, permet de rappeler l’entourloupe et l’escroquerie des JO et de mesurer à quel point leur refus fait partie des batailles que nous avons à mener au nom d’une société plus juste, plus solidaire, plus fraternelle et pour un sport vraiment populaire sans nationalisme, sans dopage, sans racisme, sans violence.