Publié le Lundi 19 octobre 2015 à 09h45.

La Brèche : de 1978 à 2015, retour vers le futur

La Brèche existe depuis 1978 comme librairie publique, d’abord de la LCR puis du NPA. Une belle longévité...

Depuis bientôt quatre décennie, nous portons une expérience contradictoire et unique : appartenir à un parti et servir les intérêts de l’ensemble du mouvement d’émancipation des exploitéEs.

Ouverture politique tous azimuts

Nos illustres prédécesseurs, la Librairie du Travail (1917-1939) de Hasfeld, née dans le sillage d’octobre 1917 et La Joie de Lire (1955-1975) de François Maspéro (la révolution anticoloniale et mai 68) sont une véritable référence éthique pour nous : représenter tout courant de pensée proposant la libération des opprimées, ceci étant érigé comme un devoir. C’est ce fil rouge que nous avons la prétention de poursuivre dans une structure de front unique un peu particulière.

Nous mettons en consultation et vendons non seulement toutes les contributions, recherches, explications, théories, cherchant à appréhender la réalité passée, présente et future des luttes des classes mais aussi toutes les presses de la gauche dite de gauche. De fait, il n’est pas rare de croiser au détour d’un rayon des ex de partout et des « in » d’ailleurs, des Front de gauche tous courants confondus aux rescapéEs mao, des totos de tous âges aux anars de tous bords, sans parler des trotskos en déshérence...

Ce principe d’ouverture politique tous azimuts à gauche est l’illustration de notre volonté politique d’exclure tout ostracisme envers quelque courant que ce soit du mouvement ouvrier. Chez nous, pas de commissaire politique ni de bureau politique.

Et pourtant nous revendiquons une forme de censure que nous résumerons ainsi : aucune apologie même allusive de la violence à l’encontre de quelque secteur que ce soit de la masse innombrable des opprimées. Aucune idée ne nous fait peur : toutes ont leur place dans la librairie (sauf la sous-culture au sens large : littérature bêtifiante pour adultes ou enfants...).

La seule librairie marxiste, militante et pluraliste

Aujourd’hui, nous flirtons en permanence plus souvent avec les déficits qu’avec la Révolution ! La survie en cette époque du tout numérique, de crise économique, de précariat et par dessus tout de rupture des traditions du mouvement d’émancipation, est une préoccupation quotidienne comme jamais. Le marché du livre se porte mal, la marge bénéficiaire y est la plus faible du secteur de la distribution, notre surface politico-sociale s’est récemment durement restreinte, et pourtant il faut tenir. Il faut transmettre tant il est évident que seul le livre peut concentrer l’expérience passée des décennies de luttes, seul le livre peut exposer les analyses les plus fouillées des temps présents et futurs. Le livre est encore pour longtemps le vecteur privilégié de la culture de la subversion.

La fonction remplie aujourd’hui par La Brèche est reconnue bien au-delà du parti, y compris internationalement. Il s’agit d’une structure d’éducation politique et de diffusion culturelle ouverte aux militantEs, sympathisantEs, et habitantEs du quartier, et à l’ensemble des militantEs du mouvement ouvrier. La Brèche est une référence : la seule librairie marxiste, militante et pluraliste. Notre site internet la-breche.com y contribue grandement, notamment à l’équilibre économique de la structure. Les commandes proviennent de toutes les régions en France, et de tous les pays et continents. La Brèche est un acquis.

Un outil à défendre

Et comme tout acquis, il doit être défendu, amélioré constamment grâce à : un nouveau site, incluant toutes les innovations récentes en matière de réseaux sociaux ; la multiplication de rencontres avec des auteurs (Olivier Lecour Grandmaison le 2 octobre dernier, Talat Ahmed qui a travaillé avec Chris Harman le 7 novembre, Julien Salingue le 17 novembre, Naji al-Ali courant décembre, etc.). Outre son intérêt commercial, cette activité draine à la librairie des gens nouveaux qui, nous découvrant, n’en reviennent pas : « ça » existe encore ? Et la question a même été posée : « et… c’est autorisé ? »

La mémoire, toutes les mémoires, du mouvement des oppriméEs vers leur libération se trouvent dans les livres. Les leçons des échecs et victoires passés existent, nous les détenons, nous les vendons... Nous pouvons fournir tous les ouvrages – quasiment sans frais de port et ce pour le monde entier – pour défendre, ensemble, nos convictions.

La Brèche