Éditions Amsterdam, 240 pages, 17 euros.
«Vive le Rafale, vive la République, vive la France » avait proclamé Hollande encore président, en 2013, en sortant de l’usine Dassault à Mérignac. La même année, Trappier, PDG de Dassault, se félicitait des interventions en Afrique pour promouvoir son avion qu’il avait alors le plus grand mal à vendre : « L’opération du Mali a eu une influence positive sur l’image du Rafale, comme avant celle effectuée en Libye ».
« La main invisible du marché doit disposer d’un bras armé »
Claude Serfati montre concrètement dans son livre l’imbrication du pouvoir politique, de l’armée et de l’industrie de l’armement en France. Écrit en 2017, il est pleinement d’actualité pour comprendre comment la mondialisation est devenue une mondialisation armée, avec un retour des « guerres pour les ressources », et des conflits engendrés par le chaos politique provoqué par la crise permanente du capitalisme.
Il donne une illustration concrète de ce qu’est un État au service de la grande bourgeoisie, notamment les industriels de l’armement et du nucléaire, des tensions entre pouvoir politique soumis à l’opinion et exigences des sommets de l’armée.
Une partie historique revient sur l’accentuation du militarisme tout au long du 19e siècle, quand la bourgeoisie construisait son propre État, jusqu’à sa forme de la IIIe République, qui a été son meilleur instrument pour ses conquêtes impérialistes.
Il dénonce le caractère particulier de la production d’armes dont la seule finalité est la destruction pour s’imposer dans les rapports de forces internationaux, mais aussi maintenir l’ordre, guerre extérieure et intérieure se rejoignant dans une même lutte de classe : « La main invisible du marché doit disposer d’un bras armé ».
Claude Serfati aide à comprendre ces évolutions, et leur influence sur nos vies quotidiennes, quand les États dits démocratiques évoluent « vers l’état d’urgence permanent » (conclusion du livre) pour imposer leur guerre sociale contre les travailleurs et les peuples.