Publié le Mercredi 27 novembre 2013 à 16h10.

Histoire : La Révolution fut une belle aventure

Connu comme théoricien des crises économiques et partisan des conseils ouvriers, Paul Mattick (1904-1981) fut un acteur du mouvement ouvrier radical, dans les usines et comme animateur de plusieurs organisations, durant la première moitié du XXe siècle, en Allemagne jusqu’en 1926 puis au USA, Chicago jusqu’en 1946, New York ensuite.Gamin révolté des rues de Berlin de l’après-première guerre mondiale, Paul Mattick commence par s’engager dans le mouvement communiste spartakiste avant de devenir communiste anti-­bolchevique. Au cœur des années de feu de la révolution allemande (1918-1924), il nous raconte son incroyable parcours entre action directe et répression, illégalité et clandestinité. Le reflux du mouvement révolutionnaire et la montée des forces autoritaires le poussent, avec d’autres, à l’émigration. Au USA, il s’engage au coté des IWW et autres groupes radicaux, et participe au grand mouvement des chômeurs des années 30, nous donnant quelques aperçus sur ces moments de grande agitation sociale. Cette aventure sur les 2 continents durant ces années de « l’âge des extrêmes », Paul Mattick la raconte avec sagacité, en laissant toute leur place à ses camarades de lutte, sans oublier ses ennemis, évoquant les débats concomitants à l’action.Paul Mattick est un marxiste : « Pour moi, être marxiste signifie seulement reconnaître que Marx a découvert le talon d’Achille de la société capitaliste. Il l’a saisi à partir de la conception matérialiste de l’histoire et en appliquant la théorie de la valeur à la théorie de l’accumulation [...] Je suis résolument convaincu que ce système porte en lui le germe de sa désintégration […] Je tiens cette conviction de Marx et c’est dans ce seul sens que je suis un « marxiste orthodoxe » ».« Je suis persuadé que sans crise, il n’y a pas de révolution. C’est une conviction ancienne qui vient de Rosa Luxemburg, que l’on appelait la « théoricienne de la catastrophe » […] Je ne conçois pas que la classe ouvrière s’attaque au capitalisme si la société ne connaît pas de crise profonde avec un  état de décadence permanent […] Sans catastrophe, il n’y a pas de socialisme possible. Or elle naîtra du capitalisme même. La classe dominante peut contrôler consciemment la politique mais nullement l’économie. Et la crise viendra de l’économie. »Ce livre exprime le puissant désir d’une société libérée de l’exploitation capitaliste, ce qui n’est pas totalement étranger à notre époque…

JPP

Histoire : La Révolution fut une belle aventurePaul Mattick, L’échappée, 2013, 17 euros.