Graffitis sur les locaux du Planning familial à Bordeaux, attaques contre l’Unef à Clermont-Ferrand, menaces de mort sur des journalistes bretons... La récente actualité donne l’impression d’une montée en flèche des violences et d’une prise de confiance des extrêmes droites.
Maintenir ses thèmes de campagne classiques (« woke », immigration, famille...) évite à une partie des extrêmes droites de se faire invisibiliser par les questions sociales tandis que le mouvement sur les retraites bat son plein. En outre, leur haine congénitale du marxisme réactive les vieux réflexes contre les militantEs politiques ou syndicaux. La mobilisation sur les retraites ne parvient pas à couvrir totalement les voix des extrêmes droites. Une partie, avec le RN, prétend même incarner l’opposition à la réforme de Macron.
Les bandes font de la politique avec leur méthode : violence et pression sur les militantEs de gauche, féministes, antiracistes. Mais ces exactions sont régulières depuis des années, plus ou moins prégnantes selon les villes. Cette nébuleuse se structure localement et agit sans être forcément poussée par un agenda national.
La nouveauté tient dans la structuration de Reconquête qui cherche à exister face au RN et son groupe parlementaire. Réseaux « de vigilance », « lanceurs d’alerte » et relais complaisants dans divers médias dessinent l’armature de cet activisme. La dernière mode est au militantisme contre l’installation de centres d’accueil d’immigréEs, dans la dynamique de « la mère des batailles » de Callac.
Pourtant à Saint-Brévin, pour une mobilisation nationale, les racistes se retrouvent à moins de 400, quand les contre-manifestantEs sont plus du double. Il n’y a aucune fatalité à les laisser prospérer. Les nervis peuvent être dissuadés par des réflexes collectifs d’autodéfense. Il n’y a pas d’apparition anecdotique de l’extrême droite : la moindre d’entre elles doit être vite étouffée.
La prise de confiance de ses différentes composantes est ancienne. L’heure n’est plus aux réactions ponctuelles motivées par l’actualité, mais à une campagne permanente contre toutes les extrêmes droites. « Leurs avancées sont faites de nos reculs », disait-on déjà au début des années 1990.