Publié le Jeudi 22 décembre 2011 à 15h18.

Étudiants étrangers : toujours plus d’expulsions racistes

Pour tenir l’objectif 2011 du nombre d’expulsions d’étrangers (30 000 prévues, soit le plus haut niveau jamais atteint), Guéant a pris une nouvelle mesure le 31 mai 2011, restreignant les possibilités pour les étudiants étrangers de rester sur le territoire en obtenant un titre de séjour « salarié ». Depuis la rentrée, plusieurs milliers d’étudiantEs se voient refuser un titre de séjour et reçoivent un OQTF (ordre de quitter le territoire). Jusqu’à l’année dernière, chaque année environ 6 000 étudiantEs (pour la plupart au moins en master) obtenaient la transformation de leur titre de séjour d’étudiant en salarié. « Ce qui l’an passé n’était qu’une formalité de trois semaines est devenue une invitation à renoncer à des choix de carrière et, souvent, à des choix de vie. » (Collectif du 31 mai).

Dans sa surenchère raciste préélectorale avec le FN de Marine Le Pen, le gouvernement Sarkozy multiplie jusqu’à l’absurde les lois restreignant l’accès des étrangers en France.  Au nom de la « préférence nationale », étendue à l’Union européenne, cela a abouti au licenciement d’un ingénieur étranger dans une entreprise technologique de Grenoble cet été. Une étudiante québécoise en thèse de sociologie a reçu un OQTF. Au rectorat de Créteil, un enseignant maître auxiliaire étranger se retrouve dans une situation kafkaïenne : le rectorat lui demande son titre de séjour pour valider son contrat et la préfecture de Melun lui demande son contrat de travail et plein de documents du rectorat pour renouveler son titre de séjour. Un collectif d’étudiantEs s’est monté, initialement du côté des grandes écoles, qui ne connaissent pas habituellement le sort des plongeurs sans papiers des arrière- salles des grands restaurants…

Cette énième mesure raciste du gouvernement est une véritable fuite en avant, qui a même créé des remous à droite et au Medef. La première opposition à cette loi est venue des grandes écoles, qui ont cherché à obtenir des aménagements, soutenues par le Medef. Cela concernait environ 600 étudiantEs. Mais cette stratégie a été balayée par la branche dure du gouvernement qui est déjà en campagne pour 2012. Alors que Wauquiez, ministre de l’Enseignement supérieur, disait « comprendre » les problèmes des grandes écoles, Guéant a refusé tout aménagement à sa circulaire, déclarant que « Nous voulons que la France reste la France quand les socialistes s’accommodent d’une addition de communautarismes » !

Plusieurs milliers de personnes ont manifesté à Paris le 18 décembre pour dénoncer cette escalade dans la politique du chiffre (RESF, LDH, CGT, Unef…). Avec Guéant, tous les étrangers sont visés, même ceux qui ont pourtant des qualifications élevées (ingénieurs, enseignants, traders…). Cela montre la nécessité d’une réponse politique globale. La politique des quotas est une véritable arnaque. Il faut aujourd’hui, plus que jamais, exiger la régularisation immédiate de tous les sans-papiers, abroger toutes les circulaires restreignant le droit de circulation, dont bien évidemment celle du 31 mai 2011.

Antoine BoulangéInfos sur : http://www.collectifdu31mai.com/