Publié le Mardi 29 septembre 2009 à 19h47.

La honte....

Le 22 septembre a eu lieu l'opération médiatico-policière orchestrée par le ministre de l'Immigration, en présence de plus de 200 journalistes: l'évacuation et la destruction, à coups de bulldozers et de bûcherons, de la Jungle de Calais. 276 exilés afghans, dont 135 se présentant comme mineurs, ont été interpellés.

 

 

Les No Border ont tenté de s'interposer en faisant une chaîne humaine de protection autour des afghans.. Dans la violence, les cris et les larmes, les policiers procèdent à ce qu'ils n'ont pas peur d'appeler le «tri», de honteuse mémoire, entre mineurs, placés en foyer, et majeurs, menacés de retour forcé dans un pays en guerre. Le tout au grand soulagement de Natacha Bouchart, maire UMP de Calais, nullement choquée par la brutalité de cette rafle, et devant un Besson satisfait qui se félicite de « l'humanisme » de l'intervention.

Après les propos ouvertement racistes d'Hortefeux, cette opération de ratissage est un nouveau signal en direction de l'électorat le plus réactionnaire. Elle s’inscrit dans une série de surenchères racistes qui visent à stigmatiser les immigrés, pour en faire des boucs émissaires de la crise. 

Après Sangatte...

Limite de l'espace Shengen, le littoral français est un passage obligé pour de nombreux étrangers en partance pour l'Angleterre. Ils sont plus de 67000 a avoir transité par Sangatte de 1999 à 2002.

Contrairement aux déclarations fanfaronnantes de Sarkozy, alors ministre de l'Intérieur, la destruction très médiatisée de l'immense hangar de Sangatte après 2002 n'a pas «réglé» le problème des exilés, qui se sont éparpillés dans des camps de fortune aux alentour de Calais. Cette région est devenue emblématique de la détresse des exilés. Organisés par nationalités, ce sont environ 1500 migrants qui s'entassent dans des «jungles», zones industrielles ou terrains boisés laissés à l'abandon, où ils construisent des abris rudimentaires et survivent dans des condition d'hygiène et de sécurité atroces, sous une pression policière permanente: réveil aux lacrymos, gazages des affaires personnelles, etc. La municipalité de Calais refuse même de construire des douches sur le campement afin d'ostraciser encore plus une population en souffrance.

C'est grâce à la mise en place d'un réseau de solidarité militante et citoyenne que les migrants ne sont pas totalement abandonnés. Parmi les plus actifs, le groupe des No Border qui milite pour la liberté de circulation, la fin des contrôles et des frontières, et qui installe, comme en juin 2009, des camps de sensibilisation et mobilisation autour des exilés, malgré une dissuasion policière oppressante et violente.

Les contrôles migratoires sont renforcés dans la région afin d'en chasser les étrangers, Irakiens, Afghans, Iraniens. Mais cette traque n'a pas l'effet escompté par les autorités, la plupart des interpellés n'étant pas reconductibles à la frontière. Relâchés au bout de 24 heures avec une injonction de quitter le territoire, ils reviennent régulièrement se réinstaller. Certains quartiers du Nord et de l'Est parisien sont devenus des lieux de transit.

C'est la  véritable hypocrisie d'un État qui veut montrer qu'il agit, tout en étant conscient de la portée limitée de ses actes, et qui refuse de réfléchir aux causes profondes des migrations. Ce sont les mêmes gouvernements occidentaux qui bombardent l’Irak, l’Afghanistan et pourchassent ici ceux qui ont fui la misère et la mort. 

Un exemple du traitement judiciaire des exilés....

Arrêtés après le démantèlement de la Jungle, les migrants ont été éparpillés en centre de rétention un peu partout en France, afin de les couper de leurs soutiens. Suite à la constatation de l'irrégularité de la rétention par les Juges de la détention et de la liberté (JDL), le Parquet fait appel de la demande d'annulation. 40 Afghans se retrouvent ainsi devant le tribunal de Nîmes. Se tient alors une parodie de justice (avocats débordés, interprètes incompétents, dossiers égarés) et refus de toutes les requêtes des Afghans, y compris celles de reconnaissance de minorité ou les demandes d'asile. Retour au centre de rétention avant expulsion vers l'Afghanistan.

On assiste à un traitement de masse avec procédure d'urgence, sans moyen pour un examen individuel des situations. Atteintes aux droits de la défense, non respect des procédures, erreurs préjudiciables aux droits des personnes, l'Europe Forteresse n'a pas fini de bafouer les Droits de l'homme. 

Politique européenne d'immigration

Cette politique de chasse aux immigrés se mène à l’échelle européenne et un consensus unit aussi bien les gouvernements de droite que ceux dirigés par la « gauche ». L'Europe a mis au point une série d'outils pour contrôler les flux migratoires et rendre hermétique et dangereux l'accès à ses frontières (Frontex, Eurodac, Dublin II). Cette politique de contrôle de l’immigration est malheureusement partagée par la majorité du PS. Cet été, c’est Delanoë qui faisait expulser les exilés du 10eà Paris, « pour leur bien ». Cette politique est cynique car aucune solution n'est offerte aux migrants qui, quelques jours plus tard, se sont à nouveau rassemblés, après avoir subi les violences et humiliations policières. Ni le « médiatique » Jack Lang (député de la région) ni le PS ne se sont montrés aux côtés des migrants .

Au contraire, le NPA veut construire la résistance, nous faisons tout pour stopper cette politique. Il faut faire converger les différents réseaux (No Border, RESF, collectifs sans-papiers, syndicats, partis…) dans un vaste mouvement pour la régularisation de tous les sans-papiers, l’arrêt immédiat de toute la chasse aux immigrés et la liberté de circuler. La manif unitaire au départ du ministère de la Régularisation de tous les sans-papiers est une étape importante de la mobilisation. Descendons tous dans la rue le 10 octobre pour dire stop à cette politique raciste !

Gisèle Felhendler, Antoine Boulangé

Lien vidéo :http://www.dailymotion.com/user/megaphone01/video/xa56r4_violences-policieres-envers-les-mig_news