Publié le Dimanche 24 novembre 2013 à 10h51.

Lycées : la mobilisation reprend

La promesse faite avant les vacances a été tenue : plus d’un millier de lycéens et lycéennes ont défilé à Paris mardi 5 novembre pour exiger le retour de Khatchik, Leonarda et sa famille et la fin des expulsions de sans-papiers scolarisés et de leurs familles, c’est-à-dire leur régularisation systématique.

Quand elle n’est pas l’objet de moqueries de la part d’humoristes douteux, Leonarda voit sa vie étalée dans les médias. On apprend tout et n’importe quoi au sujet de son père qui aurait menti (comme si les restrictions légales au séjour n’y poussaient pas !) ou serait violent avec ses enfants... Leur renvoi au Kosovo y changerait-il quelque chose ?Expulsé le 12 octobre alors qu’il était en centre de rétention depuis le 19 septembre, Khatchik va être enrôlé pour deux ans dans l’armée arménienne. Dans un pays en tension avec l’Azerbaïdjan et la Turquie, le service militaire particulièrement difficile mène au suicide nombre de jeunes conscrits. Avec un tiers de la population en dessous du seuil de pauvreté, il n’est pas surprenant que 48 % de la population veuille quitter le pays.Le gouvernement se réfugie derrière l’application de la loi... Celle de Sarkozy ! La promesse d’une circulaire « sanctuarisant » l’école n’y changera rien. Le problème n’est pas qu’on cesse d’arrêter les jeunes en dehors du temps scolaire, comme c’est arrivé aux frères et sœurs de Leonarda ou à Khatchik...

Les chiffres baissent mais la mobilisation s’étendCertes, deux semaines de vacances ont fait baisser la dynamique. Fin octobre, la mobilisation était principalement concentrée à Paris. Dans les lycées les plus en pointe, une certaine lassitude commence à s’exprimer, malgré une dizaine de blocages et une manifestation de quelques centaines de personnes lundi 4 novembre, jour de la rentrée. Le lendemain, une quinzaine de lycées parisiens étaient bloqués, totalement ou avec des barrages filtrants.Ils attendent désormais d’être rejoints par d’autres, ce qui a commencé mardi 5 novembre avec notamment des blocages à Montreuil (93) et Colombes (92), malgré la pluie et le froid. Dans des conditions non moins difficiles, cinq cents personnes ont défilé à Lille, cinq lycées de Grenoble étaient mobilisés, de même que deux à Rouen ou encore trois à Mende avec une manifestation de plus de deux cents lycéens et lycéennes... Au Mans, la manifestation a réuni plus de cent cinquante jeunes venus de trois établissements. Une assemblée inter-lycées a décidé de reconduire le mouvement pour les prochains jours.Craignant une mobilisation qui ne faiblit pas tant que ça, le gouvernement lance la répression. Des jeunes ont été arrêtés à Maupassant (Colombes, 92) et à Colbert (Paris 10e) où un lycéen a été tabassé par la BAC...Des manifestations auront lieu jeudi 7 et la semaine suivante, notamment le 14, jour de mobilisation enseignante sur les rythmes scolaires. La jonction avec les salariés sera aussi une condition de la victoire. Celle-ci reste possible !

JB Pelé