Publié le Jeudi 10 novembre 2022 à 19h00.

Racisme d’État : la chasse aux migrantEs est ouverte !

Un nouveau projet de loi immigration est en cours, encore un ! La dernière loi date de 2018. Dans une interview au journal le Monde, Gérald Darmanin et Olivier Dussopt ont donné un aperçu du texte qui sera débattu début 2023. Une loi qui va précariser encore plus la vie de milliers d’exiléEs, à laquelle il faut s’opposer dès maintenant et dans la rue le 18 décembre.

Darmanin cible la dangerosité potentielle des migrantEs sous OQTF (Obligation de quitter le territoire français) quand elles ne sont pas mises en œuvre. À la remorque du Rassemblement national, il utilise le meurtre atroce de Lola dont est suspectée une migrante ayant une OQTF pour justifier une répression toujours plus violente et attentatoire aux droits humains.

Retirer l’aide médicale d’État

Les préfectures devront réaliser un suivi serré des migrantEs ayant une OQTF qui seront inscritEs au fichier des personnes recherchées (FPR). Darmanin précise que les préfets veilleront « à leur rendre la vie impossible, par exemple en s’assurant qu’elles ne bénéficient plus de prestations sociales ni de logement social ». Quel mépris ! Partout en France, à Calais comme à Paris, sur la frontière avec l’Espagne comme avec l’Italie ou l’Angleterre, dans la Manche et en Méditerranée, sans oublier les Comores et Mayotte, des migrantEs meurent noyés chaque jour. Alors qu’ils et elles sont chasséEs de leurs campements de fortune, que les réservoirs d’eau et leurs tentes sont détruites, que leurs papiers sont volés, que les distributions des repas, quand elles ont lieu, ne leur permettent pas de s’alimenter correctement, que des femmes, des enfants et parfois des hommes sont « mis à l’abri » le temps d’une nuit quand il y a de la place, que les enfants ne peuvent pas aller à l’école. Ce que veut Darmanin c’est aggraver encore plus leurs conditions de survie en supprimant toute aide et notamment une des seules à laquelle les sans-papiers ont droit : l’AME (Aide médicale d’État).

Limiter les possibilités des recours et les droits des personnes

Pour la mise à exécution des OQTF il faudra être rapide, explique Darmanin. La rapidité pour lui équivaut à la limitation des possibilités des recours et des droits des personnes. Il s’agit de ne pas « laisser le temps de créer des droits qui viendraient contredire des décisions d’expulsion » dit-il, donc instaurer un juge unique, organiser des audiences en visioconférence, et le rejet de la demande d’asile par l’OFPRA équivaudra à une OQTF.

Colonialisme toujours vivace

La morgue de Darmanin s’exprime également lorsqu’il explique que « l’immense majorité des étrangers » parviendra à « fabriquer d’excellents petits Français ». Cette phrase suinte le colonialisme toujours vivace de la France. Ce néocolonialisme s’exprime également par la mise en place d’un examen de français auquel devra se soumettre tout candidatE à un titre de séjour pluriannuel.

« La clé de la réussite de l’immigration, c’est l’intégration par la langue, les valeurs françaises, le travail », croit savoir Darmanin pour passer la main à son complice Dussopt. Il s’agit de faciliter le recrutement d’étrangers à la demande des employeurs dans les « métiers en tension », c’est-à-dire avec des postes vacants en raison des conditions de travail, des salaires de misère ou des horaires de travail. Tout cela, précise Dussopt, fera l’objet de négociations avec les « organisations professionnelles ». Le titre de séjour serait d’un an maximum. Darmanin l’utilise pour sa propagande et séparer les « gentils migrants » (ceux qui travaillent) des « méchants ». Sic !

Le 18 décembre aura lieu la journée internationale des migrantEs. Soyons nombreuses et nombreux à manifester et à crier notre rejet de Darmanin, de sa politique et de son monde.