Albin Michel, 544 pages, 22,90 euros.Par les temps de confinement que nous vivons, il est évident que la lecture, parmi tant d’autres loisirs, prend de l’importance. Oui c’est logique, moins on passe du temps à travailler, plus nous en avons pour lire. Alors profitons-en, surtout que cela devrait durer encore un mois.
Dernier volet d’une trilogie
Pierre Lemaître vient de faire paraître le dernier roman de sa trilogie. Le premier c’était le fabuleux Au revoir là-haut, commençant par la guerre des tranchées en 1914, puis l’après-guerre pour ces soldats mutilés, blessés à vie, physiquement et psychologiquement. Un livre profondément anti-militariste mais pas seulement, car on y suit des personnages du pouvoir, de la bourgeoisie dans ses mesquineries et ses trafics, ses corruptions.
Dans le deuxième roman, Couleurs de l’incendie, l’histoire se passe 10 ans plus tard, on suit la déchéance d’une famille riche, après les scandales révélés dans le premier roman, puis d’autres, au travers d’une jeune femme, mère d’un gamin, qui se venge après avoir été trahie par des hommes ambitieux, tricheurs, dans le contexte des années 1930, de montée du nazisme et du fascisme. Une dénonciation du capitalisme de l’époque.
Et voilà donc la 3e partie, encore 10 ans plus tard, au moment de la « drôle de guerre », en avril, mai et juin 1940. On suit encore plusieurs personnages qui, en plus de leur vie d’avant pas toujours facile, se retrouvent en grosse galère, tentant de survivre dans une période de débâcle, où l’armée française d’abord puis la population vont fuir devant l’avancée de l’armée allemande, vers Paris puis vers le sud, rejoindre ainsi les longues files de réfugiéEs sur les routes, avec leurs affaires, en charrette, en voiture, à pied…
Une terrible débâcle d’autant plus brutale que le gouvernement ne cesse de mentir, de cacher la réalité, avec une propagande grotesque, vantant la nation et sa force militaire, dénigrant l’ennemi et niant l’avancée des armées allemandes. On suit ainsi des soldats d’une armée complètement désorganisée, qui se débrouillent tant bien que mal, un couple forcé de se séparer un temps, une jeune femme à la recherche de son frère, un patron de café-restaurant, un imposteur professionnel, des prisonniers déplacés d’une prison vidée dans l’urgence et la panique, avec des officiers de l’armée missionnés pour les surveiller et déplacer, ne sachant pas quoi en faire ni comment faire. La débandade quoi. Et dans ces cas, chacunE essaie de s’en sortir du mieux possible.
Les trois livres peuvent se lire indépendamment, même si c’est mieux lire les trois et dans l’ordre, car cela permet d’avoir une vision de la période, et parce qu’on y retrouve quelques personnages d’un roman à l’autre. Mais ayant bien conscience que le ravitaillement en livres est loin d’être simple actuellement (surtout ne pas commander chez Amazon ou autres grands distributeurs), comme en 40, on se débrouille comme on peut et au mieux.