Publié le Vendredi 2 décembre 2011 à 10h07.

Convois de déchets nuclaires, danger permanent

Le 26 novembre, un nouveau train devait partir de Valognes pour acheminer des déchets vitrifiés en Allemagne. Les antinucléaires ont affronté les forces de « l’ordre ».

Le dernier convoi de déchets vitrifiés à destination de l’Allemagne est parti mercredi 24 novembre de Valognes dans la Manche. Il a fait l’objet d’une forte contestation tant en France, où 400 militantEs ont tenté de faire obstacle à son départ, qu’en Allemagne où des dizaines de milliers de personnes ont manifesté. Dans les deux pays la mobilisation des forces de l’ordre, par leur violence et leur nombre, témoignait de l’enjeu économique du retraitement des combustibles effectué à l’usine Areva de la Hague.

Chaque année, l’usine de la Hague reçoit 450 « châteaux » soit 1 500 tonnes de combustibles usés en provenance des 58 réacteurs français. À cela s’ajoutent les 5 500 tonnes de déchets allemands traités entre 1977 et 2008 et les milliers de tonnes de combustibles usés provenant d’Italie, du Japon, de Hollande et de Belgique. Les déchets vitrifiés transportés le 24 novembre dans onze wagons faisaient partie des 4 % de combustibles usés qui ne peuvent être retraités et qui doivent être entreposés puis enfouis en Allemagne. Les 96 % restant (combustibles issus du retraitement et plutonium) sont aujourd’hui inutilisés et restent à la Hague. Stock de déchets radioactifsC’est toute l’aberration du système de retraitement qui s’illustre ici. La France comptait utiliser ces combustibles retraités comme nouveau combustible pour ses centrales et le revendre aux centrales étrangères. Ce commerce hautement radioactif a fait chou blanc. Moins de centrales dans le monde que prévu, un minerai d’uranium moins rare qu’envisagé et surtout un nouveau combustible qui ne pourra être retraité une seconde fois après son utilisation. Le système français ne fait donc que retarder l’inévitable, la création d’un stock considérable de déchets hautement radioactifs.

Si le mouvement antinucléaire a mis l’accent sur les transports internationaux, c’est parce qu’ils sont aisément identifiables. Mais en France, c’est un peu l’arbre qui cache la forêt. Un « Castor » ou « Château » circule chaque jour sur le réseau ferré français à destination de la Hague. Et là, pas d’identification. Ces wagons circulent dans des trains de fret régulier, ils traversent et s’arrêtent parfois dans de grandes zones urbaines et leurs itinéraires sont de l’aveu même de l’Agence de sûreté nucléaire (ASN) laissés à la seule responsabilité du transporteur (la SNCF). De tels wagons transitent par plus d’une centaine de passages à niveau et circulent dans des triages dont l’état des voies provoque des dizaines de déraillements par an. Populations en dangerAvec des wagons fortement irradiés à plein comme à vide, un accident ferroviaire aurait des conséquences très graves. En Italie, où l’équivalent du plan Orsec est public, un rayon de 15 km autour du wagon serait considéré comme définitivement irradié. Des agglomérations sont ainsi menacées à chaque transport. Et même en l’absence d’accident, ces convois présentent un danger d’irradiation tel que SUD Rail a dû déposer un droit d’alerte pour protéger les cheminotEs chargéEs de la manœuvre des trains et de leur conduite. 30 minutes au contact d’un « Château » suffisent pour recevoir la dose annuelle admissible : 1milliSievert/an. Ces wagons sont régulièrement stationnés en pleine gare, le long des quais voyageurs, et l’ensemble des populations est exposé.

En finir avec les transports pour protéger les populations et les cheminotEs, c’est mettre en cause le retraitement des déchets et combustibles usés. C’est ce que demande le NPA. Avec l’arrêt des réacteurs âgés de plus de 30 ans, la fermeture de La Hague et l’arrêt des transports de déchets sont d’une urgente nécessité et doivent faire partie des premières mesures d’un gouvernement courageux et responsable.

Dominique Malvaud