Publié le Jeudi 8 octobre 2009 à 17h45.

Manifestation pour la fermeture de la centrale nucléaire de Fessenheim...

Ou un rassemblement contraint par une présence policière surdimensionnée...

Bien que les autorités locales, départementales et nationales aient tenté par tous les moyens  et jusqu'au dernier jour d'empêcher l'organisation de ce rassemblement…et malgré l'orchestration par ces mêmes autorités d'une campagne médiatique de dénigrement à l'encontre des militants anti-nucléaires, le rassemblement de Colmar a bel et bien eu lieu. 10 000 personnes ont participé à cet événement selon le Réseau Sortir du Nucléaire dont le NPA fait partie. 

Cette journée a cependant laissé  un goût amer et beaucoup de frustrations à nombre de militants venus des quatre coins de la France, de Suisse, de Belgique et d'Allemagne : en décidant d'interdire la manifestation initialement prévue, le gouvernement démontre une nouvelle fois, après Vichy et Strasbourg, que nous sommes entrés dans une ère policière qui piétine notre liberté d'expression et pose de nouvelles questions d'organisation au mouvement social déterminé à se faire entendre et à contester.

Sur place, un dispositif impressionnant était destiné à convoyer les manifestants sous escorte policière dans un secteur complètement bouclé et isolé  de la population locale : entassés comme des pestiférés sur la place de la Gare, sous la surveillance d'un hélicoptère de la gendarmerie, nous avons pu vérifier une nouvelle fois la réalité de notre slogan: "Société nucléaire, société policière". Et même tourner la situation en dérision en chantant « t'as voulu voir Colmar, t'as vu que la gare, tu voulais fermer Fessenheim, ils ont fermé la Poste » !! 

Les militantEs du NPA étaient nombreux, motivés et prêts à défiler bien que les conditions sécuritaires et la volonté des organisateurs de ne céder à aucune provocation policière n'aient pas permis une vraie manifestation. La présence d'Olivier Besancenot, seule figure politique nationale, a été remarquée et appréciée, notamment lors de sa prise de parole pour expliquer que nous vivions « un état de siège » et que la contestation du nucléaire était bâillonnée en France. 

Nous avons bien toutes les raisons de réclamer la fermeture de la centrale nucléaire de Fessenheim, la plus vieille et une des plus dangereuses de France, puisqu'elle enregistre année après année une augmentation constante du nombre d'accidents de radioprotection.

Mais l'arrêt de la centrale de Fessenheim devant annoncer la fermeture des autres centrales vieillissantes, EDF, l'Etat et le lobby nucléaire appuient sa prolongation : ils nient sa dangerosité et sa non rentabilité de peur de voir arriver l'arrêt en chaîne des autres centrales en fin de vie… Et les coûts faramineux que leur démantèlement va entraîner!

Il est intolérable que EDF et l'Etat aient décidé sans le moindre débat public d'investir 400 millions d'euros dans chaque réacteur nucléaire français pour lui permettre de continuer à fonctionner… tant bien que mal. Cette somme, multipliée par 58 réacteurs, amène à un total de plus de 20 milliards d'euros, qui pourraient pourtant permettre une réorientation de notre production énergétique. 
Les enjeux sont primordiaux. Des solutions alternatives et propres existent et développer les énergies renouvelables permettraient de maîtriser les dangers écologiques et catastrophiques qui pèsent sur nos têtes. Nous ne voulons plus être prisonniers de cette technologie, de ceux qui la gère et font du profit ! Il s'agit de notre santé, de celles des travailleurs du nucléaire  et de celle de la population mondiale en général. 

Parallèlement à ces fermetures, il faut développer un programme ambitieux d'économie d'énergie, vraiment créateur d'emplois durables, et qui fera baisser les factures d'électricité des usagers. Nous défendons la réquisition des grandes entreprises de l'énergie (EDF, GDF, Suez, Total…) et réclamons un service public de l'énergie sans nucléaire. Un service public indépendant de la rentabilité financière qui prenne en compte les intérêts des usagers, des travailleurs de l'énergie (dont les droits, la santé et les salaires doivent être améliorés), et qui offre à notre planète un avenir sans déchets radioactifs, ni effet de serre. Car la lutte contre le réchauffement climatique et la lutte contre le nucléaire vont de paire, dans une logique anticapitaliste de refus des profits et des gaspillages du système. 

Catherine Faivre d'Arcier et Laurence Lyonnais.