Publié le Mercredi 21 mai 2014 à 20h55.

Réponse à la Ligue de protection des oiseaux

Montreuil, Mercredi 21 mai 2014

Chers amis de la LPO,

Nous vous remercions de l’envoi de votre Manifeste.

Nous sommes dans l’ensemble favorable aux exigences que ce Manifeste présente, mais il nous semble aussi très en deçà de ce qui est aujourd’hui indispensable pour faire face à la crise écologique globale à laquelle nous sommes confrontés. En effet, dans ce Manifeste, vous passez de questions spécifiques, comme le programme Natura 2000, à des problématiques très générales, comme la réponse aux bouleversements climatiques en cours.

Dans le premier ordre de questions, nous pouvons en effet présenter des exigences simples, pour faire en sorte que le programme Natura 2000 soit mis en oeuvre partout où il le doit – et le soit de façon efficace pour garantir la biodiversité et ne serve pas d’alibi sans conséquences à des gouvernements (et aux Institutions européennes) pour qui la défense de la biodiversité n’a jamais été une priorité.

Dans le domaine de l’agriculture, il faut dire ce qui est: le développement d’une agriculture «garante de la santé des consommateurs e de la qualité des écosystèmes» implique de rompre avec le modèle agro-industriel dominant. Il est particulièrement important de le rappeler en France, vu la puissance de l’agro-indsutrie dans notre pays.

Quant à la question du changement climatique, comme nous le savons tous, le bilan de l’inaction des Etats et des puissances économiques est désastreux. Il ne sert plus à rien de répéter des voeux pieux («Faire pression pour qu’un accord ambitieux sur le changement climatique voie le jour lors du Sommet sur le climat prévu à Paris en 2015 (COP21)». Un renversement de tendance en ce domaine ne viendra pas d’une addition de mesures «techniques» (plus de transports publics, rénovation énergétiques des bâtiments, etc.), même se ces mesures sont nécessaires. C’est toute la logique dominante de production (capitaliste, pour la nommer) qui s’oppose à la mise en oeuvre d’un programme de lutte contre le réchauffement climatique – et c’est bien pour cela que ce programme n’a pas été mis en oeuvre alors que les «décideurs» connaissent pertinemment la gravité de la situation. Les «pouvoirs établis» ne veulent rien entendre. C’est le bilan que tire bon nombre de mouvements qui ont participé aux multiples conférences internationales en ce domaine – et c’est le problème que vous ne posez pas.

La crise écologique globale est là, sous mille formes, de la biodiversité aux sols, des eaux aux climat. Le Manifeste de la LPO veut s’adresser à cette globalité et ne pas s’en tenir à une conception étroite de la protection des oiseaux. Tant mieux. Mais alors la LPO ne doit taire les obstacles aux quels nous sommes confrontés, qui sont profondément sociaux et politiques.

Nous comprenons qu’il peut être difficile pour une organisation comme la LPO de s’engager dans cette arène là, mais telle est la réalité: le combat écologique (ou environnemental) global ne peut être qu’ «anti-systéme» , car il exige une transformation en profondeur de nos société à laquelle s’opposent les «pouvoirs établis» économiques et étatiques. Nous entrons dans le domaine des luttes sociales et quittons celui du lobbying.

Face à l’urgence et au désastreannocé, la LPO peut-elle s’engager dans cette voie ?

Nous le souhaitons.

Courrier de la LPO

Manifeste de la LPO pour les élections européennes