Les cadeaux fiscaux au patronat se ramassent à la pelle en cette rentrée. 18,8 milliards d’euros distribués en 2019 aux entreprises, un pactole ! Le gouvernement a bien essayé de camoufler ce chiffre sous celui de 6 milliards de réductions d’impôts pour les ménages. C’est raté. D’autant qu’en 2019, c’est banco et superbanco pour les entreprises, puisqu’elles vont profiter à la fois de la baisse des cotisations sociales sur nombre de leurs salariéEs, et du remboursement du CICE, soit la modique somme de 40 milliards, en tout, pour les finances publiques. Gêné aux entournures, le gouvernement a voulu ainsi faire croire, en présentant son budget 2019, qu’il faisait un « cadeau » aux ménages, en insistant sur la suppression de la taxe d’habitation pour certains (qu’il faudra bien payer d’une autre façon par le biais des impôts locaux), et la suppression des cotisations sociales sur les heures supplémentaires pour les salariéEs (qu’il faudra aussi payer par la hausse des cotisations de sécurité sociale, car le gouvernement ne compense pas ses largesses). Qui plus est, cette incitation à faire des heures supplémentaires devrait par ailleurs contribuer à détruire 19 000 emplois d’après l’Observatoire français des conjonctures économiques (OFCE).
Énorme transfert de richesses au détriment de la population
Ce gigantesque transfert de richesses, de l’État vers les entreprises, détermine de fait toute la politique de ce gouvernement, une politique d’austérité pour toutes les couches de la société, exception faite des riches. Il n’y a même pas le prétexte de la création d’emplois car, selon des études de l’OFCE, la création d’un emploi par le biais de ces cadeaux fiscaux revient beaucoup plus cher qu’un emploi aidé, que le gouvernement supprime peu à peu. Le paquet cadeau ne contient par ailleurs aucun contrôle ni obligation pour les entreprises. Aucune doute : ces riches nous « coûtent un pognon de dingue ».
Quelques chiffres du budget 2019 sont éloquents : le ministère de l’emploi perd 14 % de ses crédits, au profit d’un ministère comme la Défense (+4,8 %), pour plaire aux militaires et aux fabricants d’engins de mort.
Pour financer ces largesses aux plus riches, la population est attaquée de tous côtés : retraitéEs qui voient leurs pensions amputées et non revalorisées, taxes en augmentation sur le pétrole, par ailleurs objet de spéculations. Les « actifs », envers qui Macron et sa bande prétendent faire des efforts, sont également victimes des choix budgétaires : moins de profs pour leurs enfants, pas de personnel suffisant pour se soigner décemment. Car le pendant des trous creusés par les milliards versés aux riches, ce sont des attaques contre les services publics, les aides sociales, dont les aides au logement. Ces dernières, qui permettent à des ménages modestes de payer leur loyer ou d’espérer acheter un logement, sont rognées et réduites à la portion congrue, car désindexées de l’inflation, qui est actuellement sur une pente ascendante. Il y a aussi la hausse du taux de cotisation des retraites complémentaires Agirc-Arrco, qui amputera le pouvoir d’achat. Enfin, pour ne parler que des ponctions les plus importantes, le gouvernement demande à l’assurance chômage de réaliser entre 3 et 4 milliards d’euros d’économies par an sur les allocations chômage.
Autant dire que le chômage ne risque pas d’être résorbé, d’autant que les suppressions de postes continuent dans la fonction publique, dans les lycées et collèges, à la SNCF, au ministère des Finances, entre autres. Et que les projets de fermetures d’entreprises continuent, comme à Ford Blanquefort, ou dans l’entreprise New Look France.
Alors, on s’attaque aux chômeurEs, pour leur faire accepter n’importe quel emploi, à n’importe quel prix, en leur diminuant les indemnités.
Explosion des dividendes
Les actionnaires n’ont même pas besoin de traverser la rue pour toucher des dividendes mirifiques. Car l’argent distribué sans contrepartie aux patrons sert bel et bien à rétribuer les actionnaires. Pour preuve, la hausse de 12,9 % des dividendes distribués entre 2017 et 2018 dans le monde, où sont appliquées partout les mêmes politiques. La France est d’ailleurs extrêmement généreuse avec ses actionnaires, puisqu’elle se place au deuxième rang en valeur absolue, dernière les États-Unis, mais devant l’Allemagne ou le Japon ! L’économie de la rente a de beaux jours devant elle…
Cette politique ouvertement au service des riches, le mépris affiché par Macron pour nous touTEs, avec son désormais célèbre « Je traverse la rue et je vous trouve un travail », mérite une réponse à la hauteur de la part des millions d’oppriméEs. Déjà la popularité de Macron est en forte érosion, signe de la déception de beaucoup. Gageons que les efforts répétés du pouvoir pour attaquer salariéEs, jeunes, retraitéEs, entraînent une riposte d’ensemble qui lui fasse ravaler sa morgue et son mépris social.
Régine Vinon