Publié le Jeudi 4 juillet 2013 à 12h23.

Budget : Hollande, petit soldat du capital

Au 1er trimestre de cette année, après des négociations avec la Commission européenne, le gouvernement français avait renoncé à revenir à un déficit des finances publiques de 3% du produit intérieur brut (PIB) en 2013 et s’était finalement engagé sur un objectif de 3,7%, ce qui représente déjà un tour de vis important...En fait, sous couleur de concessions, la Commission européenne a pris en compte la récession en Europe : le PIB de la zone euro baissera de 0,4% et celui de la France de 0,1%. Elle préfère donc mettre la pression pour de nouvelles mesures libérales sur les salaires, les entreprises publiques et la protection sociale. Le bon petit soldat Hollande a eu les félicitations de toutes les officines au service du capital (FMI, OCDE, Commission européenne) pour la loi reprenant l’accord flexibilité l’ANI, et il poursuit son chemin avec la réforme des retraites.

Le gouvernement s’abrite derrière la Cour des comptesAvec la récession, l’objectif de 3,7% apparaissait de plus en plus inatteignable, malgré les efforts d’austérité du gouvernement (qui dépriment encore plus l’économie). Jeudi 27 juin, la Cour des comptes a présenté son rapport annuel sur les finances publiques. Elle confirme la forte probabilité d’un déficit de 4%. En cause, notamment, des recettes fiscales moindres que prévues, notamment d’impôt sur les sociétés et de TVA. Logique pour la TVA quand on sait que la consommation des ménages, qui a baissé de 0,4% en 2012, reculerait encore de 0,1% en 2013 d’après l’INSEE.La Cour (présidée par le « socialiste» Migaud) fait la leçon au gouvernement : gel du point d'indice des fonctionnaires jusqu'en 2015, sous-indexation des prestations sociales, suppression de 10 000 postes de fonctionnaires par an en ne remplaçant pas un départ à la retraite sur six (contre un sur deux sous Sarkozy), augmentation de 2 heures par semaine de la durée travaillée des agents publics (qui passerait ainsi à 37 heures), réduction de l’indemnisation des arrêts maladie, etc.Les prétendus experts avaient parlé : immédiatement Ayrault confirme le « dérapage » et, sans reprendre pour le moment toutes les suggestions de la Cour, annonce un nouveau tour de vis. Le gouvernement a transmis vendredi 28 juin au Parlement un document où il dévoile l'essentiel du volet « dépenses » du budget 2014 (présenté en septembre). Pour les fonctionnaires : gel du point d’indice et suppression de postes. Des réductions massives de crédit vont aussi affecter certains ministères comme l’écologie (-7%) et les dotations aux communes, départements, etc. Par contre, pas question de toucher aux aides aux entreprises (dont le nouveau crédit d’impôt de 20 milliards d’euros), au paiement de la dette ni de demander un effort aux riches et aux grandes entreprises à travers les impôts sur les revenus et les sociétés. C’est sur les dépenses que l’on tape (et pas sur celles qui correspondent aux aventures militaires au Mali et ailleurs). De nouvelles réductions vont être annoncées sur les régimes sociaux.

Vers le néant ou la mobilisation ?Jean-Marc Ayrault a ainsi fièrement énoncé : « Pour la première fois depuis 1958, les dépenses de l’État vont diminuer (…) de 1,5 milliard d’euros ». Il fut un temps où les dirigeants socialistes, tout en gérant le capitalisme, se souciaient (ou du moins faisaient semblant) du chômage, de la pauvreté, etc. Aujourd’hui, la fierté de Hollande et de ses acolytes, c’est l’austérité budgétaire ! Et pendant ce temps, Marine Le Pen surfe sur le mécontentement social...Cela renforce la nécessité de construire une opposition de gauche à ce gouvernement, pour la mise en œuvre d’un programme d’urgence, avec l’arrêt du paiement de la dette, la hausse des impôts sur les entreprises et les riches, la socialisation des banques afin de se donner les moyens d’une politique de création d’emplois et de satisfaction des besoins sociaux. Ce qui supposera la mise en place, par la mobilisation sociale et politique, d’un gouvernement aussi fidèle aux intérêts des travailleurs, que Hollande et sa clique le sont à ceux du capital. Au-delà des petites phrases sur les « solfériniens » que multiplie Jean-Luc Mélenchon qui écrit sur son blog le 28 juin « Pendant que je vais et viens mon pauvre pays continue sa descente dans le néant », son engagement effectif dans la préparation d’une action déterminée sur les retraites à la rentrée (car, si l’action massive ne se décrète pas, elle se prépare) sera un test de la réalité du positionnement de la direction du Front de gauche.

Henri Wilno