Le budget 2014 a fait l’objet d’une double approbation : par les députés français et par la Commission européenne. Les députés ont adopté le texte mardi 19 novembre par un vote acquis d’avance, malgré quelques grognements du côté de la majorité. Ainsi, le vendredi précédent, les députés PS avaient voté contre l’avis du gouvernement des amendements durcissant le régime fiscal des grands groupes. Mais cette petite rébellion de dernière minute ne change rien à la logique d’ensemble du texte. D’ailleurs, ce même vendredi, le budget français a été approuvé par la Commission européenne, désormais chargée de donner un avis avant le vote parlementaire. C’est bien le signe que Paris est inscrit dans la logique austéritaire globale, même si la Commission en a profité pour en rajouter : il faut couper encore dans les dépenses et poursuivre les réformes structurelles (c’est-à-dire antisociales).Les députés du Front de gauche ont cette fois-ci refusé ce budget. Nous nous en félicitons : il n’est jamais trop tard pour bien faire. Mais d’autres manœuvres commencent : Ayrault confirme la hausse de la TVA programmée au 1er janvier et dans le même mouvement l’ouverture d’une concertation pour une « remise à plat de la fiscalité ». Hollande a refusé de faire une vraie réforme fiscale faisant payer les riches et les grandes entreprises. Il a multiplié les mesures partielles et injustes. Maintenant, il dit qu’il veut tout remettre à plat ! Mais qui va payer ? La fusion de la CSG et de l’impôt sur le revenu à nouveau évoquée mettrait encore plus en péril les finances de la sécurité sociale comme le NPA l’a expliqué durant les présidentielles.Il n’y a rien de bon à attendre de ce gouvernement qui élude la question essentielle, celles des licenciements et des suppressions d’emplois qui créent la désespérance sociale. La hausse de la TVA est une vraie crapulerie. Tenaces et organisés, les patrons profitent à fond des reniements de Hollande et surfent sur la désorientation actuelle des travailleurs. Les divisions sont multiples et ouvrent des marges de manœuvre à la droite et aux organisations patronales, sans oublier le Front national. Mais cette difficulté ne saurait excuser les compromis avec le gouvernement, l’attentisme ou les diversions boutiquières par rapport aux mouvements réels.
Henri Wilno